Park Kwang Ho et Zhang Hera semblaient inexorablement aussi ressemblants que différents. Ils appartenaient au must du must de la société, financièrement. Car d’une part, outre le fait d’être né dans un luxe indécent, ils n’étaient pas issus du même genre de milieu. Tout comme, ils avaient le don de ne pas passer inaperçu tous les deux mains de manière bien différentes. L’apparence de l’homme s’avérait toujours bien plus tape-à-l’oeil que l’élégance noble et distinguée de la jeune femme. Néanmoins, l’aura condescendante – sans être caricaturale – qui émanait de la démarche et des gestes de cette dernière ne la rendait pas moins discrète. Pire était lorsqu’elle manifestait son véritable tempérament. Là, nul ne saurait douté que Hera était bel et bien une princesse pourrie gâtée qui n’avait pas été suffisamment remise à sa place dans l’enfance. Quoique… Sa place légitime n’était pas de se tenir au-dessus des autres ? C’était bien ce que sa mère lui avait laisser entendre alors dans ces conditions, que pouvait-on trouver à y redire ?

Les manières des deux riches – qui en vérité n’avaient probablement rien à faire ensemble, et sans doute était-ce par pur esprit de contradiction qu’ils s’étaient si bien trouver – dénotaient également entre eux. Hera sursauta légèrement lorsque son Oppa passa son bras autour de ses épaules. Ce n’était pas une première, mais elle ne parvenait à s’y faire, surtout dans un lieu public. Une telle attitude s’avérait tellement prohibé dans son pays natal que son esprit restait braqué sur les normes qui avait toujours été celle de ce monde si strict dans lequel elle avait grandi.  Alors, bien sûr, ses yeux ne manquèrent pas de s’écarquiller aux propos de son Oppa : Baiser ? Les détails croustillants ? La singapourienne piqua un fard instantanément. Non décidément, Kwangho la prendrait toujours au dépourvu ! Cependant, Hera n’était pas du genre à s’avouer vaincu aussi facilement. Après avoir tourné instinctivement la tête vers son ainé, portant son regard stupéfait vers le visage de ce dernier. La jeune femme tacha de se reprendre et feint l’assurance pour rétorquer avec une ironie :
« Yeh, yeh ! Nous n’en sommes pas encore là avec Hyeon, mais sois certain que quand nous y serons, tu seras le premier au courant. »

Elle avait ôté le bras de Kwangho de son épaule dans un même temps, et entreprit de se remettre en marche. Hera se maudit pour sa foutue grande gueule. Elle s’en mordit la lèvre inférieure en grimaçant. La sexualité restait un sujet qui la mettait terriblement mal à l’aise. Elle n’avait certainement pas l’intention d’en parler un jour avec son oppa, en tout cas pas en parlant ouvertement de « faits croustillants ». Si t’en était qu’il s’en passerait un jour ! Pour le moment, son petit ami et elle étaient à mille lieues de franchir le pas. C’était tout juste si elle devait lui demander la permission pour l’embrasser…

Son aîné l’informa de la boutique dont on lui avait parlé. Hera accepta de le suivre. Le sur-mesure avait été exclus faute de temps, mais elle n’en attendait pas moins un costume de qualité tout de même. De surcroit, comme elle le lui répondit, certes c’était Halloween mais hors de question de se transformer en hideuse créature ! La beauté avait bien trop d’importance pour trouver un quelconque plaisir ou amusement à s’enlaidir. Les deux gosses de riches n’allèrent cependant pas bien long, guidé par le jeune homme avant que sa compagne de l’interpelle :
« Et sinon, Oppa, les escalators sont par-là… lui indiqua-t-elle la direction opposée à celle qu’il prenait. Je crois que nous nous en sortirons un peu mieux si c’est moi qui fais le guide. »
Là-dessus, elle fit demi-tour et les conduisit jusqu’aux escalators. La question de savoir : deuxième ou troisième étages, n’avait cependant pas encore été résolu. À défaut de certitude, ils commencèrent par le second. Où pouvait bien être cette foutue boutique ? Hera s’arrêta finalement devant une vitre qui semblait potentiellement correspondre à leur quête.
« Tu crois que c’est ici ? » l’interrogea-t-elle, vaguement septique.
Dans sa tête, regrettait sincèrement sa cité-état natale. Là-bas au moins, Halloween se transformait en évènement vraiment démentiel ! Dans la Cité du Lion, tout était extravagance et démesure. Mais un excentrisme tellement  plus classe que ce qu’elle pouvait voir en Corée du Sud.