Evidemment, il suffisait de parler boisson et la bande de joyeux lurons se ramenait. Tellement prévisibles… Seul Jeha restait fidèle à lui même, loup solitaire dont le goût enivrant de l’alcool ne semblait pas faire effet. Son cliché me fit d’ailleurs lever les yeux au ciel avant qu’un sourire moqueur ne vienne de nouveau barrer mes lippes face à Sam. « Mérites-tu seulement que je te paie à boire ? » Simple provocation avant que je ne finisse blasé par Yong et Raewon. Entre celui qui m’appelait Princesse et l’autre qui me traitait d’égoïste… Mais quelle belle bande de traîtres ! C’est comme ça qu’ils pensaient obtenir quelque chose ? Même Hera s’en sortirait mieux dans la situation actuelle. Sourire amer tandis que mes paupières se ferment un traître instant sur mes prunelles d’onyx, un soupir las et dépourvu de vie passant la barrière de mes lèvres. Encore une fois, elle revenait me hanter. Heureusement, ou malheureusement, je fus bien vite ramené à la réalité par le postérieur de ce cher chef de bande qui m’expulsa à moitié de ma place, se croyant tout permis et allant même jusqu’à nous prendre en photo. « Princesse radine ?! Et puis quoi encore ?! J’en veux pas de tes hôtesses, elles sont fades comparées à… » Mais je ne finis pas ma phrase, un rire jaune montant du fond de ma gorge, préférant me rattraper à la connerie de Raewon et le repousser. « Me touches même pas, gardes tes bisous, tes abdos et tout ce que tu veux pour les meufs dans les toilettes, ça ira. » Je le payerais le champagne, si c’était le prix à payer pour être débarrassé de cette bande de tarés. Pas moyen d’être tranquille, je vous jure… Mais n’était-ce pas ce que je cherchais justement ? Ne pas pouvoir réfléchir. Au final, au milieu de cette immense cacophonie, la paix revint avec l’annonce d’un atterrissage imminent. Pas de champagne pour les gueux, et enfin un peu de silence. Serait-ce un miracle ? La main de Lenny dans ma chevelure me stoppa un instant, personne n’ayant jamais eut le droit de toucher ma tête à part une seule personne et pourtant… Je ne dis rien, un léger sourire s’extrayant des ténèbres de mon âme. « T’inquiètes, même comme ça on sera sexy. » La plupart des femmes ne juraient que par le fric de toute façon, je l’avais bien assez compris depuis ma naissance. Je ne prêtais pas même attention aux pics que se lançaient mes deux comparses, avalant cul sec ma coupe avant de fermer les yeux, la musique à fond.

Enfin un pied à terre, attendant mes bagages comme un touriste de basse classe, je tapais du pied avant d’entendre le commentaire de mon bro. Louer des voitures ? Pourquoi je sentais que ça allait encore être à mes frais ça ? Mais ce qui attira le plus mon attention, ce fut les paroles de Jeha. L'hôtel… « Pourquoi aurais-je eu besoin de réserver quand je savais que tu partagerais ta chambre avec moi ? » Sourire éclatant et innocent -ou pas-, je lui faisais du charme, ne lui laissant de toute façon pas le choix. Et ouais, premier arrivé, premier servi les mecs. Si j’aurais pu jouer de mes contacts, devoir demander de l’aide à mon paternel ou lui signaler mon voyage… N’aurait fait que mettre de l’huile sur le feu vu la situation actuelle. Merci mais non merci. Je regardais alors Wook se démener d’un air absent, avant de sentir des lunettes de soleil s’aligner sur mon nez. « Depuis que je suis né. Tu sais aussi bien que moi à quel point c’est dur d’être aussi irradiant… » Toujours la pour faire naître un sourire espiègle et bourré d’égo au meilleur moment celui la ! Regonflé à bloc, je me décidais alors à me réveiller et aider un temps soit peu. « Ouais… C’est les mêmes caractères, t’inquiètes ! » Ou celui qui avait fixé le bout de papier à peine dix secondes, faisant confiance à quelqu’un qui ne lisait pas plus le thaï que lui. Ça commençait bien… « C’est quoi le soucis avec le bus ? » Ou le gosse de riche qui n’en ayant jamais prit un de sa vie, n’avait jamais comprit ou réalisé à quel point ce moyen de transport était… Mortel. Un sourire frais sur les lippes, je pressais toute la petite troupe en voyant ce dernier arriver, balançais mes bagages dans la soute comme si c’était la bonne façon de faire et montais à bord. « Ça pue là dedans ! » Allant m’installer dans la rangée du fond, le nez plissé et commençant déjà à dégouliner sous la chaleur étouffante, je cherchais les rafraîchissements du regard avant de comprendre. « Ah ouais, c’est ça les transports de pauvre ? » Aucun tact. Heureusement pour moi, à part mes amis, personne ne parlait coréen dans l’habitacle. Mais tout le monde pu comprendre au visage que je tirais lorsque l’engin de torture démarra que… Mon baptême de “terre” avec ce moyen de transport ne fut pas royal.