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    :: Défouloir :: 2017

So Ra (+) Have the courage of your desire

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So Ra (+) Have the courage of your desire | Sam 18 Fév - 15:31
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L'orgueil tait la lâcheté qui emprisonne ton cœur. Tu désires fuir. Tu cours à toute jambes. Tu te protèges derrière la noirceur et les souvenirs. Tu te sers de la douleur comme une excuse pour te terrer, toi qui t'estimes libre et maître de ton destin. Mais si ton regard peut se détourner, ton visage se fermer et ton esprit s'endurcir, ton cœur lui est un rebelle à la raison derrière laquelle tu te dissimules. De même qu'un corps, qui peut trahir sans que ton cerveau n'y trouve rien à redire.
 


Le soupir de soulagement fut une caresse sur ma lèvre inférieure lorsque je poussai la porte. Bénissant les dieux que la salle de bain soit libre, je pénétrai la pièce et poussai le battant dans mon dos. Le panneau se referma en un bruit presque mélodieux et j'y appuyais la tête, trempé jusqu'au os. Le froid s'insinuait dans mes veines, malin et vicieux. Je pressai les lèvres et tendis la main vers la poignée pour fermer à clé. Mais mes doigts se figèrent à mi chemin lorsque la sonnerie de mon portable se mit à résonner en écho dans la pièce. Je plissai un œil, découragé et tâtai ma veste pour retrouver l'importun. Mes paumes coulèrent sur le vêtement, jusqu'à sentir le rebond qui déformait la poche intérieure, au niveau d'un cœur endormit. Je le sortis de sa prison de tissu et le plaquais contre mon oreille. La voix nasillarde et familière de mon interlocuteur retint mon attention et je m'éloignais de la porte pour me diriger vers la baignoire. D'ordinaire, je prenais des douches. Mais le froid qui imprégnait mes veines me donnait envie de m'immerger totalement dans une véritable bulle de chaleur. D'une pression de la paume, je libérais l'eau chaude, qui se déversa en cascade dans la baignoire blanche. Mais ce spectacle était quelque peu terni par l'imbécile qui proférait une suite d'excuses, les premières que j'entendais depuis l'incident dont je portais encore les stigmates. Sans mot dire, je coinçais mon téléphone entre mon épaule et mon oreille pour retirer ma veste trempée. Puis ce fut le t-shirt qui retomba en un bruit mat sur le carrelage. Des bleus maculaient encore l'albâtre d'un torse abîmé par une nuit que je n'avais pas encore oublié. Ma peau alternait les couleurs, en un arc en ciel aussi sombre que mes yeux et les mèches qui voguaient sur mon crâne. Je baissai la tête, imperceptiblement pour ne pas faire tomber l'appareil, et frôlai la tâche noirâtre qui souillait ma côte. Une grimace de douleur déforma mes traits. Et ce n'était qu'un hématome. Mes pensées voyagèrent alors vers cette femme, à la crinière blonde et au courage démesuré. Je songeai à sa main, aux douleurs qu'elle taisait. Je ne lui avais pas parlé depuis l'incident mais je ne pouvais pas m'empêcher de l'observer à la dérobée lorsque nous nous trouvions par hasard dans la même pièce. Cette fille … je ne l'avais pas vu se plaindre une seule fois. Je fermai un œil, la paume pressée contre mon torse. La douleur s'y dissémina telle une toile d'araignée. Je la sentis jusque dans mes doigts appuyés sur la blessure, alors que je relevai les yeux vers la glace accrochée au mur. Des cernes presque invisibles soulignaient un regard inexpressif. J'étais crevé. Et je ne savais pas même ce qui me tenait éveillé lorsque les ombres maculaient la pièce endormie. Je soupirai, repris l'appareil entre mes doigts et finis par sortir du silence dans lequel je m'étais plongé. « Tu sais quoi ? Je m'en fou. S'il n'y avait eu que moi, j'aurais pu passé outre mais je n'ai pas été le seul à être blessé par tes conneries. Sur ce. » D'un geste à la colère contenue, j'appuyais sur la touche et lui raccrochai au nez. Puis le téléphone tomba dans l'évier d'un lavabo éteint, sur lequel je m'appuyai le menton baissé. Les jointures de mes doigts blanchissaient tant j'en aggripai le rebord. Je me connaissais suffisamment pour savoir que ma réaction était différente. Oui j'étais colérique. Râleur. Parfois rancunier. Mais je le restais rarement face à ce mec qui avait l'habitude de me faire tous les coups tordus du monde. Néanmoins et cette fois, je lui en voulais suffisamment pour le faire mariner. Je n'aimais pas être responsable des blessures de quelqu'un d'autre. Et surtout … Je ne supportais pas de n'avoir rien pu faire. Si elle ne m'avait pas aidé cette nuit là et si je m'étais fait poignarder, que serait-il advenu ? « Crétin. » sifflai-je en déboutonnant mon jean que j'arrachai d'un geste sec. « Salop, connard, abruti. » Les injures se répercutèrent en écho, mais restèrent silencieuses pour l'homme auxquelles étaient destinées. Mais comme si ses oreilles avaient sifflé, le téléphone se remit à sonner. Quelle tête de mule ! Je jetai mon pantalon dans le lavabo et m'approchai d'une baignoire dans laquelle je m'immergeai d'un geste souple. Les jambes, le buste, le visage. L'eau était chaude. Brûlante sur ma peau glacée. Douloureuse. Et pourtant, je me laissai avaler, par elle, par mes émotions. Jusqu'à disparaître. Je sentais la caresse de mes cheveux sur mon visage, les gouttes projetées par le robinet au dessus de mon crâne. L'air qui faisait gonfler mes joues en percutant mes lèvres serrées. J'attendis que la brûlure de ma peau s'étende à mes poumons pour émerger brusquement. Ma pomme d'Adam navigua dans ma gorge alors même que je prenais une profonde inspiration, la tête renversée. J'ouvris un œil mais le refermai aussitôt, agressé par la mousse. Du dos de la main, je la fis fuir et rabattis mes cheveux en arrière. Ma main y resta. Les doigts enfouis dans l'ébène humide, je tournai brusquement la tête vers la porte qui venait de s'ouvrir. En un battement de cœur, je compris que j'avais oublié de pousser le verrou. Aussi ne la reconnus-je qu'au second. Je plongeai la main dans l'eau et m'appliquai d'un geste à retirer la mousse qui m'empêchait de bien la voir. Une mèche se décrocha, suivit le mouvement de ma main et coula le long de ma tempe. Quand je relevai la tête, elle était toujours là. Seules quelques secondes s'étaient écoulées, mais elles auraient été suffisantes pour n'importe qui. Elle n'avait qu'à tourner les talons et sortir. Elle n'avait qu'à fermer la porte. Mais elle restée plantée là, son regard d'or figé. Je n'avais jamais été pudique avant. Et si mon traumatisme ne concernait pas ma nudité, je me sentais néanmoins en état de faiblesse. Mal à l'aise. « Je peux savoir ce que tu attends pour prendre la porte et sortir ? » sifflai-je brusquement agacé. Mon visage s'était durcit, de même qu'un regard au cil sur lesquels perlaient de petites touches de blanc. « Bon sang sors d'ici ! » lâchai-je brusquement, les nerfs tendus, en me levant tout aussi soudainement que mes paroles s'étaient échappées. Un battement de cœur avait suffit pour oublier. Le froid me réveilla, en s'abattant sur ma peau chaude, ci et là striée de blanc et de bulles nacrées. Je serrais les dents, pris la serviette d'un geste faussement mesuré et la nouait autour de mes hanches étroites sans songer à m'essuyer. Je me moquais de ce qui la faisait attendre. J'allais l'attraper par la racine des cheveux et la sortir de cette pièce moi même.
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Re: So Ra (+) Have the courage of your desire | Dim 19 Fév - 19:17
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Have the courage of your desire
Je Ha & Sora





Je poussais la porte du coffee shop, le froid envahissant soudainement mon visage, glaçant mes lèvres en un instant. C'était presque fini, presque. Je portais le breuvage chaud à ma bouche, soulageant sans peine mon corps légèrement endolori sous mon large manteau noir et blanc. Il fallait encore pas mal d'heures de travail, mais j'étais bien partie pour finir avant la fin de la semaine, pile pour les vacances. Je soupirais, la fumée blanche se perdant derrière moi dans ma démarche lente, et fatiguée, longeant l'une des grandes avenues bondées. Les silhouettes, seules ou en groupe, remontaient et descendaient dans un rythme de fourmilière géante qui se semblait jamais tarir. J'étais rentrée un peu plus tôt, c'était plutôt rare, mais pour une fois, j'avais senti que pour continuer dans les temps, il fallait que je la repose. Je resserrais mon poing droit dans ma poche. La blessure n'était pas passée inaperçue, surtout dans mes cours de couture. Les professeurs de ma section qui passaient toujours voir nos travaux, avaient l'oeil aiguisé grâce à leur métier, et ils n'avaient pas manqué de remarquer que mes gestes avaient changé. La balafre avait attiré les regards, les points la marquant comme un petit chemin de fer sur ma peau. Ils me tiraient et me démangeaient aussi, c'était assez dérangeant, mais surtout, quand je refermais mes doigts sur eux-même, là était la véritable douleur qui me lançait. Point pratique pour tenir une aiguille ! Je l'avais enveloppé d'un bandage un peu lâche, histoire d'avoir plus de facilité à tenir un tissus ou n'importe quel matériel dont j'avais besoin. Tenir un ciseau était devenu désagréable, la découpe était plus rapide que d'habitude et pourtant, moins assurée. Un délai ? Moi, un délai ? J'avais senti ce petit silence dans la salle, j'aurais juré sentir les regards en coin entre quelques retouches se poser sur moi. Qui tombera en premier ? Une en moins, ça serait déjà ça de pris. Je n'en avais besoin, et je ne leur ferais pas ce plaisir. J'avais rétorqué que je pouvais tout à fait le faire, et que ce n'était pas cela qui allait m'empêcher de terminer ma robe. Perdez vite vos sourires en coin, et bossez, car il en faut encore beaucoup pour me rattraper. Je n'étais pas première, je ne pouvais pas encore me vanter, mais je me classais assez bien dans les cinq premiers de la classe, et ce n'était pas maintenant que j'allais baisser dans le classement. J'avais relevé mes cheveux en une queue de cheval lâche, avant de m'occuper des contours du buste que je devais encore travailler. Depuis la semaine dernière, j'y étais restée tous les soirs, et j'avais plutôt bien avancé, j'étais fière. Elle rendait bien, elle ressemblait à mon croquis, il ne restait plus que les détails sur les bas de la robe, et c'était ok ! Mais.. je devais l'avouer, ma main me lançait de plus en plus et je l'avais senti trembler ce soir, crispée sur la fine aiguille, la lumière braquée sur les perles dorées qui me faisait un peu plus plisser les yeux de fatigue. La main gauche était plus maladroite, je n'arrivais pas à compenser pleinement, en demandant trop à celle de droite. Il lui fallait quelques bonnes heures de repos, à plat, sans aucun effort, sinon je pouvais dire adieu à mes vacances ! Je partais samedi pour quelques jours à Casablanca avec des amis, une petite folie inconsciente que j'avais finalement suivie, prenant deux jours de congés au Nymphéa. Je resserrais lentement mes doigts sur le large gobelet de cappucino, encore brûlant. Il me tardait.. pour respirer un peu, parce que je ne prenais pas assez le temps de respirer, pleinement, sans contraintes..

J'arrivais une trentaine de minutes plus tard à la fraternité, m'engouffrant dans le repère de notre meute. Comme à leur habitude, tout le monde était un peu éparpillé partout, mais la plupart était déjà dans leur chambre, au lit. J'avais déjà remarqué quelques valises se faire, bientôt prêtes à être fermées pour rejoindre leurs familles pendant les vacances. Pour ma part, je devais rejoindre mes parents au japon, mais finalement, ils partaient eux aussi en voyage, encore, cela ne m'étonnait pas d'eux ! Tant pis, ils repasseraient par la Corée en revenant, je pourrais les voir, cela me suffisait. Je gagnais doucement l'étage, me débarrassant de mon manteau, avant d'entendre une petite voix crier « Unnie ~ » dans ma direction, se lovant sans plus tarder contre moi. Je souriais légèrement, tapotant le haut de la tête de Dambi. En voilà une qui n'était pas encore couchée ! Tout à coup, je remarquais que la salle de bain était grande ouverte et surtout libre ! La petite blonde avait suivi mon regard. « Unnie, si tu veux, je te garde la salle de bain, comme ça, personne ne la prendra jusqu'à ce que tu y ailles ! » me proposa t-elle. La trouvant tout bonnement adorable, je lui embrassais le front, avant de regagner rapidement ma chambre pour aller me changer. L'idée d'un bain brûlant me fit en avance frissonner de plaisir, mes muscles criant au repos éternel ! Cela faisait un moment que je n'en avais pas pris, pensais-je, quand mon portable se mit à sonner. Mes parents, qui m'appelait en mode visioconférence. Je jetai un coup d'oeil au miroir, le maquillage s'était estompé dans mon cou, laissant apparaître quelques bleus légèrement violets qui étaient plutôt assez mal placés. Je l'entourais d'un foulard qui cachait le tout, avant de prendre l'appel, leurs visages apparaissant sur mon écran. On discuta un peu du Japon, de leur excursion en France, puis, de mon départ pour Casablanca, avant de me rendre compte que cela faisait bien dix minutes que la conversation durait. Je me dirigeais d'un pas rapide vers le couloir, n'apercevant plus Dambi devant la salle de bain. Entre temps, Lenny l'avait kidnappé je ne sais où, délaissant les lieux à quelqu'un d'autre, sans que je ne m'en aperçoive. Je raccrochais quelques minutes plus tard, me débarrassant de mes fringues sur mon lit, avant de m'entourer entièrement d'une serviette que je fixais contre ma poitrine dénudée. J'embarquais des affaires de rechange et ma trousse de toilette, me dirigeant pied nu vers la salle de bain, qui se trouvait juste à côté de notre chambre. Je tournais la poignée, la porte n'étant pas fermée à clé, ne me méfiant absolument pas sur le fait que quelqu'un pouvait s'y trouver entre temps. Lisant quelques sms de ma main libre, je m'engouffrais dans la pièce, refermant derrière moi, avant de relever mes yeux de l'écran.

Silence.


Quelles étaient réellement les chances sur le fait que, sur tous les loups, je puisse tomber nez à nez avec Jeha dans la baignoire ? Et surtout.. sans rien sur lui.. ? Je restais figée sans raison, aucun sentiment de panique ne m'échappait, seulement une surprise à laquelle je ne m'étais pas attendue. Enfin si l'on pouvait appeler cela une surprise.. Je ne pensais pas que c'était son but premier de me faire le cadeau d'avoir cette image de lui, allongé dans la mousse. Je croisais son regard, toujours aussi sombre, son air sauvage reprenant vite le dessus en aboyant d'un seul coup, ses crocs claquant dans l'air. Ouuui, bon ça va, il n'y avait pas mort d'homme non plus, pensais-je. « Hého, calme-toi, je ne pensais pas qu'il y avait- » Mais je fûs brusquement interrompu par la violence de son ton, mais surtout par son soudain élan, qui fît valser l'eau du bain dans tous les sens, le faisant déborder. Mes yeux n'avaient pas pu s'empêcher de s'écarquiller, traçant son chemin sur la mousse qui recouvrait le corps du brun, du moins.. plus ou moins à certains endroits... J'en lâchais ma trousse de toilette, et mes fringues, faisant volte face sur moi-même. « Mais putain Jeha, qu'est-ce que tu fous ?! » m'écriais-je, lui tournant le dos, me laissant emporter par un léger éclat de rire, tant la situation était plus qu'inattendue. Mes épaules tremblotaient, la serviette dévoilant l'esquisse de quelques contours de mon dos, alors que je la maintenais toujours d'une main contre moi. Il pouvait avoir une colère assez maladroite en fait ! Je fermais les yeux un instant, les réouvrant peu de temps après, alors que la silhouette du loup se dessinait à nouveau dans mon esprit. « .. Tu sais que.. » Je passais mes doigts fins dans mes cheveux, les faisant peu à peu glisser sur l'une de mes épaules, en cherchant mes mots. « .. je ne voyais absolument rien quand tu étais dans le bain mais.. après.. j'ai un peu tout vu.. ! » Plus que tout vu. Dis-donc. « Bon.. t'es fringué, c'est bon ? » fis-je finalement, avant de me retourner, levant tout de même mon regard vers son visage, m'apercevant qu'il était bien plus près que je ne l'avais pensé. « Qu'est-ce qui t'as pris ? J'allais partir, pas besoin de m'aboyer dessus et de jouer les.. exhibitionnistes pour me faire sortir ! » lui lançais-je, ponctuant ma réplique d'un sourire en coin, amusée par cette colérique maladresse haha. « Dambi s'était proposée pour me garder la salle de bain le temps que je me change, mais elle avait disparue quand je suis revenue.. Tu l'as soudoyé, avoue ? » continuais-je sans aucune agressivité, arquant un sourcil en relevant le menton vers lui, suspicieuse. Je pariais qu'il avait dû lui promettre un gâteau de Il Nam en échange, elle aimait beaucoup les sucreries elle aussi et les pâtisseries de mon ex étaient monnaie courante ici ! Je croisais les bras sur ma poitrine en position défensive, lâchant un soupir. J'avais pas envie ce soir. Je laissais le silence nous envahir, comme il avait si souvent l'habitude de le faire entre nous deux. Peu à peu, sans m'en rendre compte, mes prunelles s'attardaient sur les contours marqués de son torse d'homme. Une musculature saillante, qui servait de toile à une multitude de couleurs, dans un contraste allant du bleu, au violet, en passant par le vert, semblant apercevoir plus de jaune sur ses côtes aiguisées. Il avait une palette bien plus fournie que celle qui ornait mon cou. « ça va ? » demandais-je soudainement d'une voix plus basse, croisant ses deux diamants noirs brillants qui me fixaient. Comment ça allait depuis la dernière fois ?      

    
 

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.
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Re: So Ra (+) Have the courage of your desire | Mer 1 Mar - 3:14
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L'orgueil tait la lâcheté qui emprisonne ton cœur. Tu désires fuir. Tu cours à toute jambes. Tu te protèges derrière la noirceur et les souvenirs. Tu te sers de la douleur comme une excuse pour te terrer, toi qui t'estimes libre et maître de ton destin. Mais si ton regard peut se détourner, ton visage se fermer et ton esprit s'endurcir, ton cœur lui est un rebelle à la raison derrière laquelle tu te dissimules. De même qu'un corps, qui peut trahir sans que ton cerveau n'y trouve rien à redire.
 


Un voile de carmin se tissa sous mes joues pâles quand je pris conscience des conséquences de mon impulsivité. Je resserais ma poigne autour de la serviette à présent nouée, et sortis de la baignoire, préférant me réfugier dans la colère que dans la honte de m'être exposé. En prenant garde ne pas glisser, je posai le pied sur le carrelage froid, mais sans quitter des yeux la blonde qui s'était détournée. Ses cheveux coulaient sur ses épaules nues et dessinaient les lignes épurées de ses bras jusqu'à la serviette dans laquelle elle s'était enroulée. Alors je pris conscience d'une réalité qui ne m'avait pas effleurée jusqu'ici. Elle était nue. Effaré, je laissai couler mon regard sur le tissu éponge, puis sur ses jambes fines et musclées. Le sang qui battait mes joues s'échauffa puis irradia l'intégralité d'un visage tendu. La respiration plus courte, je relevai la tête alors même que ses doigts glissaient dans ses cheveux. Chacune de ses mèches les caressèrent avant de retomber souplement sur son épaule, comme pour attirer mon attention sur sa peau nue. Mes lèvres se fuirent et mon souffle caressa mon inférieure, brûlant. Ce fut seulement à cet instant que je remarquais les sons mourants d'un rire qui s'éteignait, alors même qu'elle prenait la parole pour attirer mon attention sur une nudité exposée. Une ébauche de sourire fit trembler la commissure de mes lèvres, en une esquisse presque tourmentée. « Tu te moques de moi ? Tu as tout vu ? » répétai-je d'une voix aggravée par le mal être. Un malaise d'autant plus surprenant que mon corps se détachait de ce que ressentait mon cœur compressé. La peur. Je la sentais poindre dans mon muscle battant, en total contradiction avec les émotions surprenantes qu'éveillait sa vue dans mon être tendu. « Et toi ? Tu as l'habitude de te promener comme ça dans les couloirs ? A moitié nue ? Tu es cinglée ? » Une folie que j'aurais dû reprocher à ce traître en proie aux prémices d'un désir que je ne comprenais pas. Et pourtant, il ruisselait dans mes veines, raidissant mes muscles et échauffant ma peau que même les gouttes d'eau, qui me parsemaient, ne parvenaient plus à rafraîchir. L'une d'entre elle se décrocha d'une mèche plaquée contre mon sourcil. Elle s'accrocha à un cil qui se déroba, puis navigua sur ma joue jusqu'à mes lèvres entrouvertes. J'y passai la langue, en un mouvement trahissant à la fois l'homme et l'enfant apeuré. Je ne pouvais pas désirer cette femme. Et pourtant, je pouvais difficilement nier le feu qui couvait dans mon bassin . Chacune de mes veines était tiraillée par l'envie et par cette chaleur indéfinissable et familière. D'un geste instinctif, je fis danser mon inférieure pour souffler en direction de mon front, afin d'apaiser ce que seule sa disparition pouvait effacer. « Jouer les exhibitionnistes ne t'a pas fait sortir, tu es toujours au milieu de cette salle de bain et dans une tenue déconcertante ! » Je me mordis les lèvres, déchiré entre la colère et une émotion que je ne voulais pas ressentir à son égard. Mais je ne pouvais pas m'empêcher d'être attiré par la courbe d'une poitrine dont la serviette ne dissimulait pas la rondeur. Des images se superposèrent à la réalité, images dans lesquelles aucune serviette ne survivait. Le feu se dilata dans mes prunelles, déchirées ci et là par des points de sang qui se reflétaient sur ce linge blanc derrière lequel elle se protégeait. Je ne me comprenais pas. Je la connaissais depuis des mois, la découvrais depuis des semaines mais je n'avais ressentis ce désir brusque et sauvage à son égard. Alors pourquoi ? Parce que je la savais à moitié nue ? Un mouvement m'attira. Ses lèvres pulpeuses s'étirèrent en un sourire fugace, accrochée à la commissure de sa bouche. « Je l'ai soudoyée ? » répétai-je sans parvenir à comprendre où elle voulait en venir, totalement insensible à l'humour qui se reflétait dans sa voix grave. « Je l'aurais soudoyée pourquoi ? Pour me retrouver dans cette situation grotesque ? » L'agressivité était ma seule arme contre elle. Je l'étais d'autant plus que mon moi le plus profond avait la soudaine et déconcertante envie de lui sauter dessus. Une caresse sur ma peau … une larme coulée qui dessina ma joue, humidifia ma gorge puis une clavicule dont elle suivit la courbe. Un geste suffit à attirer ma propre attention sur les siennes. Elle croisa les bras sur sa poitrine, qu'elle souleva involontairement en l'écrasant. Je levai un sourcil et me raidis, conscient d'atteindre une limite dont j'ignorais l'existence depuis des semaines. Je ne l'avais atteint qu'une fois avec Raina et je n'avais aucune envie de réitérer l'expérience, d'autant plus avec elle. Surtout pas avec elle. Sa bouche se mouva et mes yeux s'y attardèrent. Mais, pris au dépourvu par sa question, je rejoignis les siens. Une éclaboussure dorée, sans agressivité, à mille lieux de des obsidiennes braquées sur elles. Sombres, violentes. Colériques. J'eus un rictus et la vérité m'échappa, sans que je ne puisse retenir cette colère indéfinissable et sauvage qui restait mon seul rempart contre mes propres faiblesses. « Non ça ne va pas. » rétorquai-je en avançant vers la porte. Mes doigts s'enroulèrent autour de son poignet, marquant la détermination profonde de l'animal à vouloir jeter l'importun dehors. Mon pouce effleura les veines qui rampaient sous ses paumes. Les battements de son cœur résonnèrent sous la pulpe d'un index pressé contre épiderme à la soie brûlante. Je serrais les dents, ouvris brutalement la porte et la tirai, avant de me figer interdit. Il Nam. Sa silhouette se découpait dans le couloir. De dos, il ne pouvait pas nous voir, mais je n'avais aucune envie de lui offrir un tableau aussi incompréhensible qu'inattendu. Son ex et son meilleur ami à moitié nus. Redoutant autant sa réaction que les rumeurs, je refermais avec une douceur qui contrastait avec l'état de nef dans lequel je me trouvais. Son cœur battait toujours sous mes doigts. Et chaque tambour provoquait une légère décharge, qui remontait le long d'un bras aux muscles bandés. Je la lâchais abruptement et contractai la mâchoire. « Il Nam est dans le couloir. » sifflai-je entre mes lèvres serrées. Je levai légèrement la tête et abaissai de moitié le voile de mes paupières pour couvrir une toile de fond qui me faisait perdre la tête. Dambi. Dambi devait donc garder la porte d'une salle de bain qu'elle avait finit par déserter. Le hasard m'avait poussé à la franchir dans ce laps de temps puis à oublier de la bloquer à cause d'un faux ami qui me foutait dans la merde pour la deuxième fois en quelques jours. Mais le combat de ce soir était une bataille contre moi même. Contre mon angoisse, contre ma connerie. Contre cette émotion au naturel effrayant. Un sourire méprisant et imperceptible embrassa mes lèvres. Etait-je en manque au point d'avoir envie de la première fille un tant soit peu dévêtue que je croisais ? C'était risible. D'autant plus risible que je ne m'entendais pas le moins du monde avec celle qui prenait un vivace plaisir à m'emmerder, consciemment ou inconsciemment.Mes cils s'élevèrent et je baissai doucement la tête pour la regarder. « Cinq minutes et tu disparais. Je prendrais cinq minutes de plus et je te laisserais la salle de bain. » Je reculai d'un pas, plaquai mon épaule au mur et tournai deux yeux entachés de pourpre vers la porte close. Si je me concentrais, je pouvais percevoir les échos graves de la voix d'Il Nam. Je me contractais davantage, en essayant d'ignorer les frappes intempestives d'un sang ébouillanté contre mes tempes. Mais c'était d'autant moins facile que j'avais une conscience aiguë de sa présence dans la pièce. Et, bien que maudissant ma faiblesse, je ne pus m'empêcher de l'effleurer des yeux … pour remarquer ce que ma cécité masculine m'avait empêché de voir jusqu'ici. Des bleus maculaient sa gorge blanche, souvenirs vivaces d'une confrontation qui maculait mon propre corps. A la peur et au désir s'ajoutèrent la honte. Je m'en étais douté, mais elle avait bien maquillé jusqu'ici les traces de son courage inconscient. La colère déserta momentanément mes pupilles rétrécies, noyées par une inquiétude éphémère. Mes épaules se relâchèrent et je serrai les lèvres.  Alors, poussé par une impulsivité aussi éternelle que dérangeante, je me détachai légèrement du mur et tendis la main vers la sienne, refermée sur son téléphone. Mes doigts en effleurèrent le dos pour la maintenir, alors même que leurs jumeaux volaient le téléphone pour dégager le bandage lâche et probablement inefficace. Je fronçai les sourcils et, sans lâcher son portable, jouais du pouce et de l'index pour défaire son pansement de fortune. « Tu mets ce qu'il faut dessus ? » demandai-je d'une voix rauque, mais plus mesurée. « C'est rouge et enflé … tu n'es vraiment pas croyable. Tu ne peux pas être superficielle comme les autres et prendre soin de toi correctement ?»
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Re: So Ra (+) Have the courage of your desire | Ven 3 Mar - 15:45
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Je Ha & Sora





Si j'avais tout vu ? Oh oui.. Pouvait-on en voir plus d'ailleurs ? La question ne se posait même pas, et je ne préférais pas y réfléchir. J'avais vu, bien.. vu, tellement vu que j'aurais pu lui donner une note, mais c'était encore un peu loin pour être réellement objective. Non, ce n'est pas que je voulais voir de plus près hein ! Et oubliez le encore ! Le voir un peu désarmé, cela me faisait sourire. Je sentais son malaise, il semblait planer un instant, comme si il ne réalisait pas vraiment ce qui venait de se passer, ni ce geste inconscient de sortir de l'eau qui l'avait lui-même mis dans cette situation. Ah non, ne m'accusez pas ! C'était son impulsivité qui l'avait trahi, voilà tout. Devrais-je lui préciser qu'il n'avait pas à être si gêné ? Après tout, il avait assez pour se vanter, ou en rire, comme je le faisais actuellement, histoire de détendre l'atmosphère. En me retournant vers lui, une fois habillé, je ne pouvais nier le fait qu'il était.. très bien fait. Je m'en doutais un peu, ses mensurations à vue de nez semblaient parfaites pour le vêtir, mais maintenant que je le voyais sans vêtement, je me surprenais à penser qu'aucun tissu ne devrait cacher tout ceci. J'observais du coin de l'oeil ses bras appuyés volontairement sur ses hanches, d'un air imposant, gonflant involontairement ses dorsaux dont je suivais la ligne descendante jusqu'à ses épaules tendues. Ses questions s'enchaînaient dans un rythme de défense, déployant un bouclier devant lui, limite n'allais-je pas reculer d'un pas sous le ton qui montait. Mais j'en avais pris l'habitude, de cet homme tempête, et de ses bourrasques inattendues. Un vent du diable ! Je restais solidement debout sur mes jambes, sans plier, arquant un sourcil, entrouvrant mes lèvres d'un sourire, alors que les siennes s'abreuvaient d'une goutte en fuite. « Ma chambre est juste à côté de la salle de bain je te rappelle. Ce n'est pas comme si j'avais passé la soirée avec les autres en serviette ou saluer le voisin comme ça ! Tu as toujours tendance à dramatiser les choses, en as-tu conscience ? » lui lançais-je, en penchant la tête de côté. Il ne semblait jamais prendre les choses calmement, on dirait qu'il prenait tout du mauvais côté, avec son apparence d'ours grognon. L'ours en question avait sa fourrure ébouriffée par endroit, quelques mèches retombaient sur son front, d'autres étaient plaquées sous l'humidité du bain, tandis que d'autres volaient dans les airs, alors qu'il expirait nerveusement vers le haut. Une tenue déconcertante.. Un petit rire, le bout de ma langue passant discrètement sur ma lippe. « Tu ne t'es pas dit que je n'étais pas sortie, parce que j'avais aimé ce que j'avais vu ? » répliquais-je avec séduction, en m'accrochant à ses yeux charbonneux, ardents, d'un feu gorgé de colère. Oui, c'est vrai, j'adorais le taquiner. C'était un peu simple et rapide, car il partait au quart de tour, mais c'était drôle. Sauf quand il avait dû mal à redescendre et que j'usais de tout ce que je pouvais pour le détendre, et calmer cette flamme qui ne semblait jamais s'éteindre chez lui. La flamme de sa légendaire impétuosité. Respire, avais-je envie de lui dire, relâche toi ! Ce genre d'accident pouvait arriver, après tout on vivait en communauté, et tout ne pouvait pas être parfait ! Oui, j'étais rentrée sans vérifier qu'il n'y avait eu personne entre temps, oui je l'avais vu nu, mais bon ! J'allais finir par l'appeler Papi Jeha.. Il semblait si.. coincé.. ! Typiquement coréen. Alors, je continuais à le provoquer, ne m'éloignant pas d'un seul centimètre, bien au contraire. J'étais assez près, si près que je pouvais voir son torse dessiné se soulever, l'eau peignant sa peau de multiples miroirs dont les reflets semblaient attirer l'attention de mes iris admiratifs. Je pouvais entendre sa respiration rauque, haletante, s'inviter dans nos rares silences auxquels je m'accrochais, juste pour l'entendre. Je papillonnais des paupières. Merde, c'était sexy. Pourquoi faisais-je soudainement attention à ça ? J'enchaînais alors sur Dambi, lui reprochant en plaisantant, le fait qu'il avait dû soudoyer la petite blonde pour avoir la salle de bain. Mais le brun n'avait senti aucune once d'humour dans chacune des syllabes que je venais de prononcer, et je levais les yeux en l'air, exaspérée, alors qu'il qualifiait la situation de grotesque. « Qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre.. ! C'était du second degrés Jeha.. du second degrés.. » continuais-je, un soupir m'échappant alors que je croisais mes bras dans un geste désapprobateur. Tout pouvait être simple, quand il semblait tout compliquer. Je pouvais sentir son agressivité s'échapper de chaque parcelle de son corps, m'enveloppant d'une chaleur presque étouffante, alors que j'expirais, sous tension. Ma mâchoire crispée, je relevais soudainement mon visage vers lui. Mais je n'avais pas croisé du premier coup son regard. Son regard était ailleurs, plus bas, s'attardant à balayer la serviette qui me couvrait, et lentement, ma peau exposée. Le doré et le ténébreux se rencontrèrent enfin. Il s'était raidi, alors qu'un frisson familier me parcourait, caressant mon ventre de papillons envieux. J'entrouvris mes lèvres. L'envie. Je venais de le désirer.. pour la première fois. Ça alors. Pourquoi ? Était-ce.. à cause de ce regard qu'il avait glisser sur moi ? Je commençais à me dire qu'il ne me fallait pas grand chose, mais à vrai dire, sa tenue ne m'aidait pas beaucoup. Il n'y avait pas que les hommes qui pouvaient être facilement distraits mais.. comment pouvais-je désirer un mec aussi agaçant ? Emmerdant même, c'était le cas de le dire. Mon célèbre emmerdeur que je venais de prendre en flagrant délit, entrain de me mater ! Il n'était finalement pas gay, c'était confirmé, et la situation grotesque s'accentuait avec ma tenue déconcertante. Finalement, ce n'était pas juste l'embarras, il avait coulé ses prunelles hargneuses d'un regard que je connaissais très bien, et que je savais parfaitement identifiée, surtout en travaillant au Nymphéa. Mais.. je ne pensais pas apercevoir ce genre de sentiment, même si il est particulièrement incontrôlable, dans son regard dirigé vers moi. Après tout.. On ne s'appréciait pas, non ?

On ne s'appréciait pas, pas vraiment. Et pourtant, je m'arrêtais sur la palette colorée, nichée sur ses côtes, allant des tons pastels, à ceux plus prononcés, noirâtres. Petites tâches sans doute encore douloureuses, que l'eau ne pouvait effacer, même si on le voulait. Même si je voulais y passer le bout de mon doigt pour le vérifier. On avait pas vraiment parlé tous les deux depuis ces derniers jours suite à cette fin de soirée, tourmentée, mouvementée. On en avait pas éprouvé le besoin, on avait menti aux autres, puis soigneusement caché, camouflé et calmé les inquiétudes de nos proches. Dans un silence à nouveau apprécié, je lâchais un léger « ça va ? » en désignant son torse. Mais tout cela semblait sonner encore et toujours comme un malentendu. Son rictus soulevait le coin de sa lèvre supérieure, comme la babine d'un loup, avertissant qu'il était cette fois-ci prêt à attaquer. Sa réponse négative résonnait comme une menace à mon oreille, alors qu'il agrippait violemment mon poignet, me tirant sans ménagement vers la porte. J'eus tout juste le temps de lâcher une exclamation et de demander après mes habits, dispersés au sol, alors qu'il ouvrait d'un coup sec la porte de la salle de bain. Mais dans son élan, il s'était figé. Je sentais sa poigne se refermer avec plus de force sur ma peau, alors qu'il regardait vers l'extérieur. Je comptais silencieusement dans ma tête les dix secondes qui le séparaient d'une intense douleur qu'il allait ressentir dans le bras quand je l'aurais fait lâcher. Mais au lieu de cela, il refermait la porte avec une discrétion qui le trahissait. Il y avait quelqu'un dehors ? Ses doigts se desserrèrent, et je récupérais ma main d'un geste brusque, massant machinalement celle-ci quelques secondes, en le fusillant du regard. « Il Nam est dans le couloir. » Ohhh.. J'opinais d'un mouvement de menton, mordant ma lèvre inférieure. Et sortir en même temps tous les deux, en petites serviettes, ça pourrait en effet faire bizarre. Surtout qu'il nous avait expressément demander de ne plus nous disputer, en particulier devant lui, et aucun des deux n'était un souhait facile à satisfaire. Alors si on pouvait éviter de faire marcher son imagination sur autre chose ! « Cinq minutes et tu disparais. Je prendrais cinq minutes de plus et je te laisserais la salle de bain. » m'ordonna t-il, avant de s'installer comme un chien de garde près de l'entrée. « Oui, chef. Oh et puis.. laisse tomber, j'irais squatter la salle de bain du bas, et basta ! » répliquais-je, ma main se levant vers le plafond en signe de vive conclusion qui n'était plus à débattre. Tant pis. Merde. Toute une histoire pour pas grand chose, un orage au-dessus de sa tête pour pas grand chose, stop. Je me détournais du brun, reportant mon attention sur mon portable, crispé dans ma main droite depuis mon arrivée dans cette pièce. En silence, je balayais du pouce l'écran, détaillant en quelques secondes à peine les clichés qui défilaient à la verticale. Je m'arrêtais sur certains, déposant de courts messages, avant de reprendre mon geste mécanique. J'arrivais à me détacher du fait que je n'étais pas seule, ma concentration me jouait pourtant des tours, mes yeux dérivant vers la gauche une brève seconde, sans réellement se poser. Après une minute, j'esquissais un sourire en voyant la photo d'un ami qu'il venait de poster, avant de le voir s'éclipser, à la vue de la main de Jeha qui se glissait sous la mienne. Je me crispais aussitôt, alors qu'il prenait mon téléphone. « Yah, qu'est-ce que tu fais ? Rends-moi mon portable ! » Mais à la place, il se chargeait d'ôter le large bandage qui ornait ma paume balafrée. Je tentais de lui faire lâcher prise, mais en me retenant, il appuya sans le vouloir sur un des points encore sensibles, ce qui me fit légèrement grimacer. « Tu mets ce qu'il faut dessus ? C'est rouge et enflé … tu n'es vraiment pas croyable. Tu ne peux pas être superficielle comme les autres et prendre soin de toi correctement ? » Si j'avais été un vrai loup, j'aurais certainement grogné. Au lieu de cela, je plissais mes yeux en le fixant de longues secondes comme si j'essayais de le lire, de le comprendre, sans réussir. Le fixant à le rendre mal à l'aise. Cet homme passait d'un vif ouragan, à une brise presque agréable. « .. T'es tout bonnement incompréhensible.. Tu passes du coq à l'âne comme ça.. et puis, depuis quand ne pas être superficielle est un défaut hm ? » J'eus un rictus ironique. Il manquait plus que ça maintenant ! J'observais le tissu entièrement dénoué, pendre vers le sol, alors que je me rapprochais d'un pas. « Je ne suis pas superficielle, mais je prends très bien soin de moi, merci. Et puis- » Je m'interrompais brusquement, ma paume tressaillant d'un petit sursaut sous une vive douleur, qui avait aussitôt disparue lorsqu'il retira son pouce de la zone rougie. Je me mordillais la lèvre inférieure. « Tu peux arrêter de toucher ?... ça ne fait que deux jours que c'est comme ça. J'ai un projet que je dois terminer avant la fin de la semaine, et j'ai dû.. un peu trop forcé sur elle, sans m'en rendre compte.. Le bandage a dû simplement irriter la plaie, avec un peu de crème, ça ira mieux ! » De toute façon, quoiqu'il arrive, il fallait que je continue demain. J'avais encore du retard à rattraper. Encore deux jours, et elle allait avoir des vacances, cette chère main droite ! D'un mouvement rapide, je récupérais celle-ci, passant sa jumelle sur son dos d'un geste protecteur. Je soufflais doucement sur la plaie ornée de fils, essayant de calmer la chaleur qui l'irradiait. Chaleur bien différente de celle qui avait traversé mon corps un peu plus tôt, même si son toucher, sa petite inspection, n'avait pas aidé à faire descendre la température. Bien au contraire, sans que l'on ne s'en aperçoive vraiment.

Je m'étais remise de profil à lui, remarquant que le tissu de ma serviette se détendait peu à peu. J'ôtais le coin de celle-ci qui était nouée contre ma poitrine, avant de me mettre de dos, l'ajustant comme je pouvais pour que ce soit un peu plus serré en quelques secondes à peine. Bon, ça tiendrait le temps qu'il faudrait, pensais-je, remarquant mes affaires étalées au sol, avant de me retourner légèrement vers Jeha. « .. Ah et tant qu'on est dans les inquiétudes impulsives.. mon "ça va" de tout à l'heure, ce n'était pas pour nous deux, là, dans la salle de bain. Je voulais juste savoir si ça allait.. depuis la dernière fois. Si tu avais toujours des douleurs, et si tu avais massacré ton pote ? Sinon, file-moi son adresse. » lui lançais-je, en passant d'un ton calme, essayant de transmettre plus ou moins ma sincérité à travers ses épines de hérisson, à celui d'un ton plus sec concernant le faux ami. Il allait peut être m'envoyer encore balader, me jetant que ce n'était pas mes affaires, ce qui n'était ni vrai ni faux. Je m'étais accroupie pour récupérer mes affaires et ma trousse de toilette, m'avançant vers un tabouret à côté de la baignoire. J'écoutais l'homme qui me répondait dans mon dos, alors que je déposais le tout sur le petit mobilier en bois clair. Je n'aimais pas trop le désordre, préférant m'occuper les nerfs un court instant. Car tout un coup, quelqu'un frappa à la porte, avant de l'entrouvrir. J'écarquillais les yeux, croisant ceux de Jeha, affolés, balayant la pièce où il y avait nul endroit pour se cacher, avant de m'engouffrer sans réfléchir dans la baignoire, fermant violemment le rideau qui l'entourait. « Jeha, je sais que t'es là ! Je rentre ~ » Putain de merde, Il Nam ! Les mains posées de part et d'autre de la baignoire, je m'étais retenue de justesse de ne pas rentrer d'un coup dans l'eau, le bruit pouvant directement attirer son attention. Au lieu de cela, j'y rentrais lentement, la mousse me recouvrant peu à peu, jusqu'à atteindre le fond. Je soupirais, alors qu'il entrait dans la pièce, malgré la négation de son meilleur ami. Jeha, tu te fous de moi ! Il avait toujours mon téléphone en plus ! J'entendis le nouvel arrivant lâcher une exclamation, puis le complimenter sur son physique, ce qui me fît silencieusement sourire. Je les aimais bien ensemble, c'était le genre d'amitié qu'on admirait, qu'on enviait. « Je te dérange pas longtemps, je récupère juste ma serviette et je file. » continua t-il en se dirigeant vers le fond de la salle de bain, où je me trouvais. C'est pas vrai, il se foutait de moi ? Quelqu'un nous filmait, c'est pas possible ! Par réflexe, je me laissais couler, plongeant mon corps en entier dans l'eau savonneuse, comme si je pouvais y disparaître. Je n'entendais plus rien, c'était agréable mais tout aussi stressant. J'admirais simplement les petites bulles remonter à la surface pendant de longues secondes, avant d'émerger enfin, ma main plaquée sur la bouche pour reprendre ma respiration. J'eus tout juste le temps d'entendre leur dernier échange, avant que la porte de la salle de bain ne se referme. Silence. Soupir. Puis, nerveusement.. un éclat de rire. Discret, retenu, puis soudainement, plus intense. « Ahhhh... Excuse-moi.. C'est juste qu'à chaque fois qu'on se voit, il arrive toujours des choses inattendues, tu ne trouves pas ? Ah c'est dingue ~ » Je me redressais en position assise, passant mes cheveux sur une épaule pour les serrer entre mes doigts, avant de me lever. La serviette qui m'entourait toujours, était entièrement imbibée d'eau, celle-ci se déversant bruyamment lorsque je me relevais. Mais ce que je ne me doutais pas, c'était que le rideau n'était pas assez opaque pour atténuer le théâtre d'ombres que j'offrais à Jeha.. « Eh bien, je l'aurais eu mon bain.. Est-ce que tu peux fermer à clé, histoire qu'on ne se retrouve pas encore nez à nez avec quelqu'un ? » lui lançais-je, mon ton trahissant un nouveau sourire, alors que j'ôtais le tissu épais blanc, dévoilant une silhouette plus fine de profil. Féline. Je tordais fermement le tissu entre mes doigts, ne pouvant vraiment l'essorer correctement avec ma main enflée que je secouais brièvement dans le vide. « Tu peux m'apporter une nouvelle serviette, s'il te plait ? Celle-ci est complètement trempée désormais. » lui demandais-je, toujours derrière le rideau. Je penchais la tête en arrière, creusant le creux de mes reins, dont le cambrage avait la réputation de faire tourner les têtes. Je passais les doigts dans ma chevelure blonde dont les mèches humides se plaquaient contre mon dos, les secouant d'un air sauvage, avant de lâcher une nouvelle expiration, satisfaite. Je calais la serviette mouillée entièrement dénouée contre moi, la plaquant de mon bras droit contre ma poitrine, avant de tirer un peu le rideau, y passant ma tête pour apercevoir le brun revenir vers moi avec ce que je lui avais demandé. Il semblait toujours aussi tendu, il allait finir rider avant l'heure à force de froncer autant les sourcils ! Je me sentais emportée par la buée qui m'entourait, mes jambes  goûtant encore à la chaleur qu'offrait le bain délicieusement brûlant. Mon regard ne se gênait pas pour suivre la démarche de l'homme, me surprenant à imaginer la musculature dessinée de ses cuisses. Je sentais le rouge me monter aux joues, alors que la température se jouait de moi. La courbe d'une hanche se dévoilait sans gêne, une dentelle noire en soulignait l'arrondie. Pas si dénudée que ça. J'avançais ma main vers la serviette qu'il me tendait. « Tu voudrais pas qu'on prenne un bain.. tous les deux ? » lui murmurais-je soudainement d'une voix plus grave, enjôleuse. Je le fixais avec assurance, cherchant à le troubler un peu plus, humidifiant mes lèvres, alors que je caressais sa main du bout des doigts. Cela semblait marcher, il changeait d'expression, avant que ses sourcils ne viennent à nouveau se rencontrer en signe de tension. Alors, je levais ma main vers son visage pour l'éclabousser de quelques gouttes. « Respire.. » Je plongeais ma main dans l'eau, avant de réitérer mon geste un peu plus fort. « Relaxe.. » Puis, je le fis une troisième fois, d'un jet qui l'aspergea entièrement sans le vouloir. « Détends-toi papi, tu vas te rider plus vite ! » lui envoyais-je, avant de porter ma main à mes lèvres, laissant échapper un rire en voyant son expression à moitié enflammée et ahurie. Avant qu'il ne puisse penser à répliquer, je me penchais rapidement vers le lavabo, récupérant son portable, sagement rangé devant le miroir. « Si t'essayes de te venger, j'ai de quoi te menacer ! Cap de le récupérer ou tu vas rester planté là ? » lui provoquais-je, le menton en l'air, secouant le fin téléphone entre mes doigts, avant de disparaître derrière le rideau. Bien que je ne le savais pas, son portable était amphibien, contrairement au mien. Je ne savais pas ce que je cherchais à faire. Peut-être à le faire se relâcher sans qu'il ne s'en rende compte ? Tenter d'apercevoir à nouveau un sourire, naturellement, un rire peut-être, derrière le marbre apparent qu'il voulait laisser transparaître. La chaleur des lieux semblait m’enivrer..        

    
 

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.
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Re: So Ra (+) Have the courage of your desire | Lun 6 Mar - 3:31
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L'orgueil tait la lâcheté qui emprisonne ton cœur. Tu désires fuir. Tu cours à toute jambes. Tu te protèges derrière la noirceur et les souvenirs. Tu te sers de la douleur comme une excuse pour te terrer, toi qui t'estimes libre et maître de ton destin. Mais si ton regard peut se détourner, ton visage se fermer et ton esprit s'endurcir, ton cœur lui est un rebelle à la raison derrière laquelle tu te dissimules. De même qu'un corps, qui peut trahir sans que ton cerveau n'y trouve rien à redire.
 


Je serrais les dents et ma mâchoire se contracta presque douloureusement tandis que je m'efforçais de retenir les mots brûlants que m'inspiraient une telle répartie. Seuls mes yeux sombres trahirent ma pensée, à la fois violente et traître. Je me moquais de son voisin, de l'emplacement de sa chambre et encore plus de ses remarques. Je tenais simplement à une tranquillité d'esprit, qu'elle venait de briser en mille morceaux par fainéantise et égoïsme. Mais ces insultes s'effacèrent brusquement lorsqu'elle reprit la parole. La brûlure sous mes joues s'étendit et s'intensifia, à un point tel que mon mal être s'accentua. « Ça ne me viendrait pas à l'esprit. » rétorquai-je, incapable de refréner la pointe d'agressivité qui aggravait mon ton. Il n'y avait aucune raison qu'elle s'intéresse un tant soi peu à moi tout comme … Je me raidis, en prenant conscience que l'antipathie n'amenait pas à la froideur ou au stoïcisme. Car cette sensation qui parcourait mes muscles ankylosés ne ressemblaient en rien à l'angoisse ou à la haine. Elle était chaude, sensuelle … douloureuse. Effrayante. Je ne pouvais nier être attiré par son corps peu exposé, pas plus que je ne pouvais me répéter inlassablement détester cette femme. Cette ruelle avait changé beaucoup de choses … trop visiblement. L'orage couvrit deux obsidiennes traîtres, qui ne semblaient vouloir se poser que sur cette silhouette attirante. Et je ne me souvenais trop bien ce qui m'était arrivé la dernière fois que j'avais désiré une femme au point de perdre la tête. J'avais brisé mes propres règles et je m'étais laissé entraîner dans une spirale à laquelle je ne voulais plus goûter, d'autant plus que So Ra m'effrayait bien plus que Raina. Elle était trop contrariante, trop contradictoire. Dangereuse. Car, en plus de ce désir qui semblait empoisonner mon corps tendu, il y avait cette touche d'hypnotisme sauvage qui me forçait à jongler entre colère et regards. « Tu n'imagines pas à quel point je suis sensible au second degrés So Ra. » Je l'avais atteint il y a quelques secondes à peine, en sortant d'un bain pour faire face à une tentation incompréhensible. Elle n'était pas même nue ! Pourquoi perdre la tête pour deux épaules crémeuses et deux jambes finement musclées ?Mes dents râpèrent la pulpe d'une lèvre intérieure, comme pour faire naître un semblant de douleur. Mais il me laissa inconscient, tant mon esprit était accaparé par ce que je ressentais et voyais. Je ne comprenais pas. Les bleus nous défiguraient, les souvenirs douloureux également, ainsi que ces disputes qui peuplaient notre relation. Il n'y avait rien d'autre que de la hargne et de l'incompréhension. Alors pourquoi cette attirance subite ? Parce qu'elle m'avait sauvé la vie ? J'entrouvris les lèvres, humidifiées par l'eau qui ne cessait de couler, comme autant de larmes que mon cœur ensanglanté ne pouvait verser. Mais plus que l'angoisse, c'était le désir qui m'étouffait. Celui d'effleurer sa peau blanche, de couler les doigts dans sa chevelure blonde, d'effleurer cette bouche mutine et brusquement taquine. Les images, les fantasmes s'accrochaient à mes cils, à l'image de ces vestiges d'un bain duquel j'étais sortit trop vite et trop tôt. Je serrais le poing de manière compulsive, craignant mes propres réactions. Car j'étais celui qui m'effrayais le plus, tant par mon attitude que par mes émotions. Une question. Il suffit d'une question pour m'arracher à ce mélange de peur et de désir qu'elle faisait naître à la fois dans mon esprit et dans mon corps rebelle. Deux mots, prononcés de cette voix si particulière aux accents suaves. Il fallait qu'elle parte. Le loup, dûment réveillé par cette folie qui me gangrenait, réclamait sa solitude. Je refermais impulsivement les doigts sur son poignet pour la guider vers la sortie, mais fus arrêté, sitôt la porte ouverte, par mes propres démons, dont celui de me faire prendre en flagrant délit avec elle par mon meilleur ami. D'aucun dirait pourtant que la scène n'avait rien d'ambigu à première vue, mais j'avais la sensation que mon regard suffisait à lui seul à y jeter un voile trouble. Aussi, et entre deux maux, choisis-je la torture. Je refermais doucement la porte et relâchais la jeune femme. La pulpe de mes doigts brûlait et mon souffle s'était aggravé. Si j'avais été moins contracté, moins angoissé, j'aurais pu rire de moi même. Rire de cet inconfort ridicule, rire de ce brusque excès d'envie, rire de cette situation incongrue. Mais je ne sus que me noyer dans ma colère, seul rempart tangible que je pouvais encore bâtir entre nous. Elle était ma plus fidèle compagne depuis l'accident, la seule qui me maintenant à l'écart de mes travers et de ces émotions que je ne voulais plus ressentir. Comme ce soir. Car le simple fait d'être dépossédé d'un corps qui n'en faisait qu'à sa tête me rendait fou, et accentuait d'autant plus ce que je ressentais pour elle. Je perdais le contrôle et ma propre peur ne m'aidait pas à le regagner. « Fais donc. » répliquai-je, sans avoir la moindre intention de la faire changer d'avis. D'autant plus que, si elle prenait le partit de se réfugier dans la salle de bain du bas, je n'aurais plus à la recroiser dans cette tenue. Tenue qu'elle exhiberait dans l'escalier à quiconque la verrait. Je plissai la lèvre, en une moue d'autant plus tendue que j'imaginais la scène. Bordel. Je n'en avais rien à foutre. Qu'elle s'exhibe au premier venu pourvu qu'elle me foute la paix ! Une pensée que je me reprochais quand mes yeux se posèrent instinctivement sur sa paume. Ce fut l'inquiétude qui doucha un tant soit peu la rage de l'animal et qui me poussa à prendre cette main négligée. Elle était légère dans ma main, fine et élégante. Soyeuse. J'ignorais son cri de cœur, destiné à un téléphone que je gardais prisonnier de mes doigts. La blessure cicatrisait mais pas aussi vite que je l'avais escompté. L'ébène qui coulait dans mes prunelles s'adoucit momentanément quand elles se posèrent sur elle, plus concernées qu'enragées. « Tu devrais l'être et faire encore mieux. Tu as vu l'état ? » grognai-je en évitant sciemment les autres remarques qu'elle avait pu faire. Je n'avais aucune envie de m'attarder sur la manière dont la superficialité était devenue une qualité à mes yeux et je n'en aurais de toute manière pas eu le temps. Elle se raidit et sa grimace fut plus éloquente encore que les mots qui suivirent. Je la relâchai, noyé par une angoisse qui n'avait rien à voir avec mes propres tourments. Je passai la paume sur mon visage, en effaçant de ce dernier les quelques gouttes d'eau qui le parsemaient. Lorsque je baissai de nouveau les yeux vers elle, elle soufflait, la bouche arrondie, sur sa blessure. Je retins instinctivement le mien, hypnotisé par la danse de ses lèvres. Mon cœur s'accéléra et je détournai brusquement la tête, victime de ce tambour qui battait violemment mes tempes. Et merde. Mes paupières dégringolèrent, mes cils caressèrent mes pommettes mais nul voile ne pouvait empêcher mon esprit de rejouer une scène pourtant anodine. C'était pathétique, de même que ce désir farouche de suivre le mouvement de son corps alors qu'elle se détournait. Ses mains couraient sur la serviette pour dénouer le tissu éponge. Mes yeux s'agrandirent et je faillis l'apostropher violemment. Faillit seulement. Car les mots s'étranglèrent de nouveau dans ma gorge lorsqu'elle se mit de dos pour resserrer les pans de ce vêtement de fortune. Une véritable pierre frappa mon estomac, d'autant plus quand elle tourna de nouveau la tête pour effleurer mon regard du sien. Je reculai la mienne, la nuque raide, pris au dépourvu à la fois par son geste et par sa prise de parole. A nouveau. Cette femme parlait de mon impulsivité mais elle était tout aussi imprévisible. « Il n'est pas encore mort, mais ça ne devrait pas tarder. » lançai-je tendu, dirigeant ma colère vis vis de celui que je tenais responsable de cette situation. Si ce connard ne m'avait pas foutu dans la merde la première fois, je ne serais certainement pas en train de baver sur une femme que j'avais d'ordinaire envie d'étrangler ! « Petit con. » grognai-je pour moi même, laissant le fruit d'un désir s'éloigner. Un pas. Deux pas. Mais la distance ne suffisait pas à atténuer l'aura qu'elle dégageait, ni même son charisme. Il était écrasant et la pièce minuscule ne me permettait aucun échappatoire.

Ce fut Il Nam qui me l'offrit, aussi inconfortable soit-il. Mon premier réflexe fut de la regarder disparaître dans la baignoire, une seconde avant que la porte ne s'ouvre sur mon ami détendu. J'expirai lentement alors qu'il entrait, en tentant de gommer tous les signes de frustration sexuelle qui maquillait mes traits. « Je ne crois pas t'avoir autorisé à débarquer. » râlai-je pour la forme alors qu'il s'invitait avec cette assurance tranquille qui le caractérisait. Et il était plus que difficile de rester taciturne avec lui. Mais si les remarques fusèrent, entre taquineries et compliments, j'en oubliais difficilement celle que je savais être à quelques mètres de moi. Et chaque seconde était un battement de cœur prisonnier d'une gorge serrée, à l'image de ce téléphone écroué qui reposait contre ma cuisse. Ainsi dissimulé par mes doigts, il était difficile d'en voir la marque ou la couleur. Il Nam ne remarqua rien et finit par quitter la pièce. Je ne respirai pas. Je n'étais pas plus soulagé qu'agacé. J'étais simplement entre deux feux nourris et, finalement, Il Nam était le moins dangereux des deux. Alors pourquoi ne prenais-je pas la porte ? Pourquoi ne quittais-je tout simplement pas la pièce?J'esquissais un pas. Mon orgueil râlait, hurlait mais l'animal en moi voulait prendre la fuite. Ce fut son rire qui me menotta à elle. Un son à la fois clair et sensuel, qui se répercuta dans la salle de bain. Je cessai de bouger. Son portable sommeillait toujours dans ma paume et mes yeux fixaient le vide. Je faisais une connerie. J'en avais pleinement conscience et pourtant, je me tournais vers le rideau de douche. « C'est hilarant. » ironisai-je de mauvaise humeur, essentiellement dirigée contre ma propre faiblesse. J'effleurais des yeux le rideau, derrière lequel elle se leva, longiligne et féline. L'eau fracassa la baignoire en une véritable cascade bruyante, sur laquelle glissa une phrase qui me hérissa. En vérité, tout m'agaçait chez elle. Son sex-appeal, son corps artistique, sa manière de parler et plus encore de s'adresser à moi.  « Et tu comptes sortir quand ? » grognai-je sans aller fermer la porte. « Quand je serais mort gelé ? » Je regardai la clé sans bouger. Fermer la porte … Pourquoi avais-je l'impression qu'un piège béant se refermait sur moi ?Ma paume glissa sur mes lèvres plissées, alors même que je la maudissais silencieusement. Etait-elle née pour me faire chier ? J'expirai et me morigénai. Je n'avais peut-être aucune confiance en moi, mais j'étais le seul à être déchiré par mes propres émotions. Deux minutes n'allaient pas me tuer et je ne tenais pas à être vue avec elle. D'un pas, et priant pour ne pas faire d'erreur, je m'approchai du panneau de bois et le verrouillai. J'eus aussitôt l'impression d'étouffer, une sensation qu'exacerbait la chaleur de la pièce et ce foutu désir de merde qui s'attardait. « Bordel ! » explosai-je brièvement en me tournant vers la baignoire, alors même qu'elle demandait une serviette.  L'ivoire plongea dans ma lèvre inférieure et je me mordis, assez pour ne pas me laisser noyer par la colère. Mes paupières battirent … les sons moururent. Son ombre se détachait nettement sur le rideau blanc, plus fine … plus pulpeuse. La rondeur de ses seins était plus marquée, de même que celle d'un fessier dessiné à la courbe était parfaite. Le souffle court, je la caressai anonymement, en suivant chaque ligne, chaque tracé d'un corps que je savais ciselé. Et ce que l'ombre ne trahissait pas, je l'imaginais. Le ventre plat aux abdos esquissés, le nombril qui y était creusé, le triangle de chaire qui courait entre ses cuisses, les tâches incarnates qui couronnaient sa poitrine. Il tanguait. Il frappait. Il violentait mes tempes échauffées. Cette fille était un cauchemar. Un mauvais rêve en chaire, en sang … en mot et en soupir. J'aurais voulu lui dire d'aller au diable et j'eus presque la sensation de le souffler quand elle se cambra. La courbe de son dos mit en valeur la cascade de sa chevelure, dans laquelle elle passa les mains comme sur un instrument de musique. Mais ce n'était pas sur ses mèches blondes que ses doigts jouaient, mais sur les cordes tendues d'une soif de plus en plus féroce. Je me fis violence pour m'arracher à un spectacle inconscient. Rapide, brusque, presque animal, je m'approchai des serviettes pour en arracher une à sa pile. Et je me raidis d'autant plus en voyant qu'elle avait passé la tête au travers du rideau. Il en fallut de peu pour que je ne lui jette la serviette au visage, aux angles dessinés par ses cheveux humides. « Cette comédie a assez duré, Il Nam ou pas, va ... » L'ordre mourut sur mes lèvres, assassiné par une hanche dessinée d'un tissu en dentelle aussi sombre que devait l'être mon regard déchiré d'écarlate. « Tu …. Quoi ?! » Ce fut un cri de cœur, un cri grave et rauque qui trahit brutalement le conflit émotionnel dans lequel j'étais plongé. Une vive rougeur navigua dans mes joues, à la pâleur oubliée, au profit d'un écarlate qui habilla même mes oreilles échauffées. Quand à ces yeux dardés sur elle, en un mélange de stupéfaction et de désir, il ne devait rien dissimuler de plus qu'un visage au masque effacé.  Elle se foutait de moi. Sa lèvre caressa son inférieure, son regard se fit plus chaud, plus sensuel, de même que sa main qui s'attarda en une caresse subtile sur la mienne. Je la reculai tandis que la ligne de mes sourcils se durcissait sous la tension profonde et visible que subissait mon être à l'agonie. « Je ne sais pas ce que tu cherches à faire, mais je n'ai ni la patience ni l'envie de jouer avec toi. » sifflai-je avant de fermer instinctivement les yeux quand les premières gouttes embrassèrent mes pommettes et mes paupières. Je serrais les dents. Elle jouait. Elle avait le culot de venir m'emmerder puis de jouer avec moi. Ce n'était plus lui mais elle que j'allais assassiner.

Je rouvris les yeux, la mâchoire contractée, pour être à nouveau victime d'un jet d'eau. Les lèvres plissées, je restais stoïque, jusqu'à la troisième, plus conséquence, après laquelle les mots ne purent que fuser. « Tu as finit ? Qu'est-ce que tu cherches bon sang ? » Je reçus l'insulte comme un gifle. Ma fierté, conséquente, ne supportait pas plus son manège que d'être traité de vieillard parce que je ne riais pas comme un imbécile à ses provocations. Cette femme … Sa main, sa gestuelle. Elle me rendait dingue et une part de moi était prêt à céder à l'envie de la prendre par les cheveux pour m'en débarrasser. Mes lèvres se fuirent, ma pomme d'Adam navigua mais elle me prit de court. Elle se pencha sur le lavabo et se redressa, avec mon portable pour seul captif. Ce fut à ce moment précis que je me rendis compte que le sien avait été abandonné quelque part, sans doute lâché à un moment donné lorsque mon cerveau s'était laissé entraîner par mon corps dans ce délire. « Tu as conscience d'être puérile ? » J'en appelai à son bon sens et peut-être même que des accents de supplication transparaissait dans ma phrase assassine. Mais elle disparut, s'enfonçant dans sa connerie. J'avais deux choix. Quitter la pièce et agir lâchement ou me laisser guider par un orgueil qui atteignait ses limites. L'animal en moi ne voulait plus fuir. Il voulait reprendre le pouvoir sur une situation dans laquelle j'étais clairement dominé. Je fis l'erreur de l'écouter. D'un geste de la main, j'écartai le rideau et m'approchai d'elle. Elle était debout, et semblait attendre que je morde à un hameçon avec lequel j'étais en train de flirter. Je flirtais avec le danger. J'en avais conscience et pourtant, je mordis. Mes doigts s'enroulèrent, véritables menottes de chaire, autour de ses poignets et je l'attirai vers moi. La baignoire lui permettait de gagner quelques centimètres, et elle était plus grande, plus proche. Trop proche. Son souffle caressa ma peau, son parfum effleura mes narine. Mes pupilles se dilatèrent tandis que je caressai des yeux l'or qui baignait les siens, avant d'effleurer l'incarnat qu habillait ses lèvres. Ma respiration se fit traître et erratique. Le sang bourdonnait. La chaleur me nimbait. Et le désir me noyait. Celui de caresser enfin de la langue ce fruit rosé et humide, que semblait voiler l'eau qui s'y attardait.  Elles étaient des milliers à faire luire sa peau, de même que la rouge sanguin et tendu que je ne quittai pas du regard. J'avais l'impression floue de la dévorer des yeux, en dessinant les angles de son visage et la courbe de ses lèvres mouillées. Je l'entendais battre. Un écho dans mes oreilles carmines, dans ma gorge, dans cette bouche qui s'entrouvrait alors que je baissai légèrement la tête. Un millimètre. Son souffle était chaud, son parfum était enivrant. Il ronfla dans mes veines, torturant et brutal. Mes doigts s'enfoncèrent légèrement dans ses poignets, mes paumes les embrassèrent. J'en mourrais d'envie. Je n'avais qu'à baisser la tête et la capturer pour l'empêcher de parler, de continuer à provoquer l'animal qu'elle réveillait sciemment. Elle n'était qu'à quelques centimètres. Ma langue humidifia mon inférieure et une vive douleur coula dans ma gorge pour se nicher dans un cœur tourmenté. La soif. De sa salive, de sa chaleur, de sa peau. La caresse d'une expiration. Le sang qui saupoudrait le noir d'obsidiennes noyées. Un geste. « Ça t'amuse de me rendre cinglé ? » lâchai-je gravement.  « Tu cherches à me prouver quoi ? Que tu es sexy, désirable ? Tu l'es. Et maintenant ? Tu vas pousser ce jeu stupide jusqu'à quel point ? » Ce n'était plus de la colère que je ressentais. C'était un mélange diffus et explosif dans lequel je n'avais aucune confiance. Son cœur battait sous mon pouce crispé et je pris conscience que je la serrais. Pas violemment mais fermement. Je la relâchai brutalement, et reculai avant de baisser la tête. Au désir s'ajoutait une profonde frustration. Mon être se plaignait. De mon côté borné, de ce côté angoissé, de cette volonté farouche de préserver les quelques règles que j'avais édicté pour me faciliter la vie. Une vie devenue un enfer depuis quelques minutes. Mes paumes embrassèrent mon visage, y glissèrent pour tenter de remettre de l'ordre dans mon esprit bourdonnant. Quand je la relevai, ce fut à nouveau pour voir son corps trempé, sa chevelure moulante, ces grands yeux félins. Je parvins à tendre la main, mais sans contenir le léger tremblement colérique tant mes muscles étaient d'aciers. « Me force pas à te le prendre de force. Je ne suis pas un jeu et je ne veux pas l'être. Donne. » L'ordre était ferme, quoique rauque, et définitif, un ton auquel s'alliait mon regard ancré dans le sien.  
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Re: So Ra (+) Have the courage of your desire | Lun 13 Mar - 22:17
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Have the courage of your desire
Je Ha & Sora





La pudeur. La pudeur est une prédisposition de l'Homme à exprimer une retenue morale ou physique à l'égard de ce qui est considéré comme indécent. L'indécence, je jouais continuellement avec elle, sans jamais la perdre de vue, sans jamais me perdre dans la vulgarité, cet agressif dévoilement. La pudeur demeurait toujours en moi, cette pointe de retenue qu'il fallait savoir garder pour rester digne, pour rester élégante à chaque mouvement, à chaque geste d'un corps presque maîtrisé. La nature l'avait modelé à sa façon, et je l'avais dressé de la mienne, lui offrant une allure que seule la danse pouvait lui forger. La scène surtout. Le corps, on l'accepte, on l'utilise, on prend confiance à ses côtés, et on ne craint plus de le mettre en avant, en valeur. Pour une femme qui le dénudait assez souvent de par mon emploi secondaire, me tenir devant un homme en petite serviette ne me faisait pas vraiment fuir en courant. Si de par le peu de tissus que je portais, on pouvait penser que j'étais sans défense, je comprenais peu à peu avec le temps, et à cet instant précis, qu'il était en réalité une arme assez intéressante à braquer. Une arme fictive, une arme qui n'était pas là pour faire mal, ni pour effrayé. Je n'avais aucune intention de ce genre. Juste là.. pour capturer un regard différent, que je n'aurais jamais cru voir dans celui de Jeha. Je n'avais rien calculé, la situation avait dégénéré, c'était emballée sans que l'on puisse y faire quoique ce soit, et les deux animaux sauvages que nous étions, devaient s'habituer à rester ensemble, sur un territoire partagé.

Le brun semblait à l'étroit dans la salle de bain, comme un lion tournant furieusement en rond dans sa cage, sans dénier prendre de repos. Je le comparais toujours à un animal, je n'arrivais pas à voir autre chose en lui à certains moments. Plus un animal qu'un humain quelques fois. Un chien errant qui te regarde au loin avec son regard sombre, faisant les cent pas de droite à gauche, fixant ta main tendue vers lui. Comme si il se demandait si cette main tendue, une fois présent devant elle, allait le caresser ou le frapper, semblant insatiablement torturé par cette pesante question. Croire ou fuir. Pour l'instant, c'était plutôt la seconde option qu'il avait choisi, sans conteste. Tandis que pour ma part, je jouais les félins, m'habituant aux lieux, les explorant, la patience coulant dans mes veines. Je penchais la tête sur le côté. Cela ne lui viendrait pas à l'esprit que je pouvais avoir appréciée l'involontaire spectacle qu'il m'avait offert ? Si je lui disais, c'était que je le pensais, sinon je n'aurais fait aucun commentaire sur le sujet. Commentaire qui semblait l'avoir troublé, et je me surprenais à trouver ce trouble assez mignon. La gêne avait son charme, mais l'homme l'avait aussitôt étouffé dans son habituel bouclier hargneux. C'était en réalité un compliment détourné que je lui faisais, mais il avait cette fâcheuse tendance à tout prendre d'une façon si.. agressive, comme si il était en permanence sur la défensive, sans raison. Comment pouvait-on être toujours dominé par cette constante humeur ? Cette cheminée ardente brûlant au-dessus de sa tête. Un vrai volcan explosif, jamais éteint. Mais j'avais capté quelque chose.. un regard. Un autre genre de regard qui avait, dans une caresse invisible, glisser sur ma peau. Un second, puis un troisième.. On dirait que j'avais réveillé l'homme en lui, l'homme qui croyait être discret, mais qui ne l'était en réalité jamais assez. Joli carmin sur ses joues marquées. J'ai vu. Tu as vu que j'ai vu, ou tu n'as pas vu ce que j'ai vu ? Moi aussi je pouvais te voir, moi aussi j'avais regardé, je ne pouvais pas vraiment le lui reprocher. Comment ne pas le faire ? Mon doute sur sa sexualité semblait s'être estompé. Mon regard aussi avait glissé sur son torse dessiné, ses hanches étroites et ses jambes longues, musclées. Je mourrais d'envie, de mes yeux d'artiste, de lui braquer un projecteur légèrement de biais pour admirer les ombres creuser sa peau, définir les angles, longer les courbes souples, les traits aiguisés de ses épaules travaillées, imaginant très bien comment le mettre en valeur dans un vêtement adapté. Mes yeux de femme quant à eux, patientaient qu'il se retourne pour détailler les lignes de son dos.. Il avait un corps tout à fait.. attirant, aucune femme ne pouvait le nier. Mais j'en voyais souvent des corps, des mannequins que je devais habiller pour Vogue, j'avais cette habitude d'ajuster les tissus sur eux en tant qu'assistante, je touchais, j'avais une certaine proximité avec la personne, qu'elle soit du sexe opposé ou non, car cela faisait partie du métier que je voulais exercer. J'avais donc acquis ce regard professionnel sur l'autre, sur les corps dénudés, mes prunelles ayant perdues cette gêne permanente de la jeunesse. J'étais devenue comme ces acteurs de théâtre, qui ne craignaient plus de rire en se fixant entre eux dans les yeux, tant ils avaient pratiqué cet exercice. Mais nous étions différent, et je l'avais remarqué, avant lui certainement. Il était mal à l'aise, mal à l'aise en général d'ailleurs, mais l'habituel se mélangeait avec un autre. Un autre que j'avais bien envie de titiller..

Ce petit con, comme il le qualifiait, le loup ne semblait pas lui avoir encore rendu la monnaie de sa pièce. Un ami ? Pas vraiment, loin de là d'ailleurs, et j'espérais bien que Jeha allait le rayer de sa vie. Enfin, il faisait ce qu'il voulait, mais c'était mon avis. Il l'avait mis en danger de mort, et moi avec, et embarquer d'autres gens dans ses conneries, c'était un peu se foutre de l'amitié je dirais ! Mais je me doutais que vu le ton que prenait le photographe, il n'allait pas laisser facilement passer cette affaire. Oui c'était hilarant Jeha, je te jure ! Avoue, cette petite dose d'adrénaline est drôle non ? Mais Il Nam ne m'a pas vu, c'est passé, ce n'était rien, détends toi, souffle.. Ce n'est pas une peur désagréable en fait cette adrénaline, sache-le. Je m'étais relevée de la baignoire, mes doigts accrochés délicatement au rideau. Je suivais le geste brusque de l'homme pour récupérer une nouvelle serviette que je lui avais demandé de m'apporter, se dirigeant vers moi avec tout autant de force dans ses pas. Le linge en éponge, complètement trempé, était sagement contre moi, couvrant l'essentiel. Je fixais l'expression tendue qui s'accrochait à son visage aux pommettes saillantes, cherchant à la faire changer, à casser un peu cette dureté qu'il affichait, qui semblait aujourd'hui se fissurer.. Quelques secondes, quelques secondes à peine, il fallait juste y prêter attention.. Profitons-en. Jouons sur la surprise, troublons pour faire trembler le mur qui l'entourait..

Le cri grave qu'il lâcha soudainement, étouffant rapidement sa réplique, me confirma que j'avais visé juste. En même temps, un bain à deux, j'en connais peu qui serait resté stoïque face à cette proposition ! J'arrivais à lui faire naître de nouvelles expressions, mais je durcissais son côté défensif en même temps, qui avait mis un peu plus longtemps à reprendre sa place cette fois-ci. Et si il acceptait, qu'est-ce que je faisais ? Je doutais qu'il le fasse de toute façon, je ne serais pas vraiment comment réagir d'ailleurs.. je le testerais sans doute pour voir si il oserait vraiment. Quelques secondes passèrent.. il était intéressé, ses pupilles ne semblaient plus savoir où se posaient et j'aimais déstabiliser de cette manière. Le taquiner, le faire sortir de ses gonds, le sortir de sa tanière, le révéler.. Il reprenait son air féroce, je me servais de l'eau pour lui rafraîchir les idées, éteindre son feu intérieur qui brûlait sa langue de quelques paroles. Qu'est-ce que je cherchais ? « A te détendre peut-être, et moi aussi par la même occasion ? Mais je suis peut-être pourvue d'une maladresse bien trop brusque.. ! » lui lançais-je, lui envoyant une nouvelle vague d'eau qui lui fît cette fois-ci fermer les yeux, sa bouche se tordant. Ma maladresse qui envenimait les choses. Je me redressais de toute ma hauteur, faisant glisser mes cheveux en avant. « J'en suis consciente, même si on emploie très rarement ce mot pour me qualifier... Mais tu devrais essayer, ça fait du bien parfois ! » lui lançais-je d'un sourire moqueur, avant de reporter mon attention sur son portable, poser près du lavabo. Je ne comptais pas en faire quoique ce soit, juste le tenir en otage le temps que je sorte de la salle de bain, histoire qu'il ne se venge pas de mon petit arrosage. Je l'agitais sous son nez en guise de petite menace, avant de disparaître à nouveau derrière le rideau, maigre frontière face à un adversaire acharné. Le déplacement dans l'eau savonneuse n'était pas des plus faciles, je me reculais, appuyant mon dos contre le carrelage blanc du mur, mon avant bras entourant la serviette contre ma poitrine, quand l'homme tira violemment sur les anneaux en fer qui grincèrent. « J'ai un otage ! J'ordonne que vous rappeliez vos hommes et que vous me laissiez regagner mon territoire sans encombre, alors je- » lui lançais-je, en jouant une comédie que j'étais la seule à comprendre, moi et ma fatigue de la soirée d'ailleurs, avant que Jeha ne m'interrompe. Il se pencha en avant, réduisant la distance qui nous séparait en une longueur de bras. Il agrippa mes poignets, me tirant brusquement vers lui. La quiétude du bain fût aussitôt troublée, les vagues rejaillissant contre mes jambes. J'avançais d'un pas sous la force de sa poigne, perdant un instant l'équilibre en glissant sur l'arrondi de la baignoire. J'heurtais son torse de plein fouet en une soudaine exclamation, avant de me reculer. « Yah! Mais pourquoi t'es si grand ? » C'est sûr que mon un mètre soixante-deux et son plus d'un mètre quatre-vingt faisaient une bonne différence, même si je grappillais des centimètres avec la hauteur de la baignoire. Je me mis à gesticuler pour le faire lâcher, sans vraiment y mettre toute la férocité que je renfermais réellement en moi, avant de tout à coup, me figer... Je resserrais aussitôt mes bras contre mes côtes, mes prunelles allant dans le vide de droite à gauche. Nom de dieu.. la serviette tenait seulement grâce à l'humidité de ma peau.. Je me mordillais la lèvre inférieure, un léger sourire en coin. Sérieusement.. « Jeha.. » commençais-je à murmurer. Si tu ne me lâches pas, je vais te donner un spectacle que tu ne risques pas d'oublier, allais-je lui dire, alors que je relevais mes yeux vers lui. Et c'était là que je réalisais.. que je réalisais sa proximité..

Mes paupières se redressèrent aussitôt, surprises par ce rapprochement, sans pour autant reculer. Je n'arrivais pas à me détacher de ses prunelles sombres, noires comme une nuit de pleine lune, sans le moindre nuage. Où étaient donc passés les nuages de ton orage intérieur ? Je n'en voyais plus une trace. Seule une petite goutte d'eau demeurait au coin de ses cils étoffés, glissant dans un battement incontrôlé, longeant sa joue jusqu'à sa mâchoire.. Je la suivais distraitement, mes lèvres s'entrouvrant comme si j'avais la soudaine envie de la boire, de l'attraper du bout de la langue.. Une odeur, un parfum d'homme se dégageait de lui, me perturbant, une fragrance de cèdre particulièrement attirante.. Forte et brute, lui assimilant une virilité plus qu'évidente à ce moment précis. J'en humais l'arôme, mon souffle heurtant le sien, gonflant ma poitrine dans une respiration irrégulière que je tentais de contrôler, alors que son regard glissait vers ma bouche. Je me crispais, ses doigts se refermant avec plus de force sur mes poignets. Mais je ne ressentais aucune douleur, rien. Juste cette piqûre familière au creux de mon ventre, un frisson parcourant mon échine dénudée. La température de mon corps prenait quelques degrés... La chaleur qui se dégageait du bain, se mêlait à celle qui émanait de son torse, de sa présence qui me semblait soudainement plus imposante, envahissant mon propre espace. « Ça t'amuse de me rendre cinglé ? »  demanda t-il d'une voix plus grave, qui résonna contre moi. Quelques secondes.. « Assez.. » avouais-je d'une expiration chatouilleuse, sensuelle, alors que je relevais légèrement mon menton vers lui. « Tu cherches à me prouver quoi ? Que tu es sexy, désirable ? Tu l'es. Et maintenant ? Tu vas pousser ce jeu stupide jusqu'à quel point ? »  Un compliment, c'était la seule chose à laquelle je m'étais accrochée, le coin de mes lèvres se retroussant. Un silence.. « Jusqu'à ce que tu me cèdes.. » murmurais-je d'une voix plus basse, enjôleuse, jouant sur les sous-entendus que pouvaient laisser transparaître mes paroles. On pouvait céder beaucoup de choses, si il pouvait se relâcher et ne pas être aussi tendu face à moi en permanence, cela serait déjà une première chose ! Ma réponse n'avait pas semblé lui plaire, ou alors j'avais appuyé là où il fallait. Il me relâchait violemment, me forçant dans l'impulsion à reculer jusqu'au mur derrière moi, m'y appuyant de dos de mes mains. Il referma les siennes sur son visage, alors qu'il était déjà trop tard. Un léger courant d'air frais, agréable après cette proximité, effleura mon ventre, m'arrachant un nouveau frisson qui remonta jusqu'à mon cou.. La serviette était là, noyée dans la mousse, je la fixais un court instant, avant de reporter mon attention vers Jeha qui se retournait vers moi pour reprendre la parole, sa main tendue dans le vide. Une seconde.. nos regards se rencontrèrent.. deux secondes.. le sien dériva plus bas.. trois secondes.. mes cheveux n'étaient pas assez longs pour recouvrir mes deux rondeurs de femme.. quatre secondes.. Je refermais aussitôt les bras sur ma poitrine dans un geste protecteur. Çaaaaa, c'était pas du tout prévu ! Ça n'aurait pas glissé si il ne m'avait pas repoussé comme ça ! Je me mordillais la lèvre inférieure, soudainement embarrassée. J'avais toujours son portable à la main, lui n'était pas tombé au moins ! Et puis, sans prévenir.. je me mettais à rire. Un rire nerveux qui servait à me relâcher dans une situation plus qu'inattendue. Je passais mes doigts dans mes cheveux mouillés, avant de recroiser les bras contre moi. « Tu.. » commençais-je. Biensûr qu'il avait vu ! « ça c'était pas prévu.. » lâchais-je en souriant, papillonnant légèrement des paupières, décollant mes omoplates du carrelage froid. Je resserrais ma paume sur le portable, reprenant contenance. « Me le prendre de force ? Tu n'aurais même pas le temps de dire le mot "poitrine", que tu serais déjà couché par terre. » affirmais-je avec arrogance, alors que j'avançais vers le bord de la baignoire. J'enjambais celle-ci avec aisance, me retrouvant pieds nus sur le tapis, juste à côté du brun. « Et merci pour la serviette, c'est sympa.. » continuais-je, y glissant un léger reproche, le fusillant d'un regard en coin. Je me penchais en avant pour récupérer la sèche, qu'il avait abandonné au sol, avant de lui tourner le dos. J'attrapais le tissu éponge des deux mains, le passant derrière moi, avant de le nouer fermement sur le devant. « Voilà, ça ne devrait plus bouger.. jusqu'à la prochaine fois.. » continuais-je, lui faisant à nouveau lentement face, ses prunelles foncées penchaient vers moi. « Rho ça va, je plaisante ! Mais les coréens, sérieusement.. vous êtes tous- » si coincés, allais-je dire, avant de m'interrompre, m'avançant soudainement vers le loup.

Je détaillais son visage de longues secondes, entrouvrant mes lèvres. « .. Attends deux secondes.. » Je me mis à nouveau de dos, enclenchant l'appareil photo du portable que je tenais toujours, d'une simple touche sur le côté. Je le levais en l'air devant moi en mode selfie, veillant à ce que nous entrions tous les deux dans le cadre, avant de prendre une photo d'un clic. J'observais le cliché où l'on voyait simplement nos visages et le haut du corps de Jeha. L'éclairage était assez intense pour mettre en valeur ce qui m’intéressait.. « Ahh.. Il faut que je m'envoie ça.. » murmurais-je, mais assez fort pour qu'il ait pu l'entendre. J'évitais aussitôt ses mains qui tentaient de récupérer l'objet, tournant sur moi-même, allant de droite à gauche dans la pièce, alors que j'entrais mon numéro pour envoyer la pièce-jointe. Si je pouvais éviter de faire tomber à nouveau ma serviette, ça serait bien ! Pourquoi elle tombait pas la sienne d'abord ?! Je calais mon dos contre la porte fermée, pressant sur la touche "envoyer" alors qu'il bondissait vers moi. Je levais le portable en l'air avant de le lui tendre, esquissant un sourire satisfait en entendant le mien émettre une petite sonnerie de réception au loin. Je sentais sa tension revenir au grand galop, alors que mon humeur pour ma part venait de prendre un peu de légèreté. Je penchais la tête sur le côté, m'accrochant à ses prunelles sauvages, troublées. « Tu rougissais.. Tu rougis.. En fait, tu es entrain de rougir même.. » lâchais-je avec douceur, dans un enchaînement du verbe rougir, conjugué à divers temps. « Voilà un charme que je ne te connaissais pas, et c'est moi qui ai fait ressortir ça.. Je ne me moque pas, c'est de l’intérêt. » rajoutais-je avant qu'il ne réplique, accentuant bien le fait que je ne disais pas ça sans vraiment les penser. J'avais eu ce que je voulais, j'avais vu autre chose que son éternelle retenue agressive qui devait être bien difficile à garder. Une douceur dans la dureté. « Le cliché aurait été superbe à prendre avec ton appareil professionnel, je t'assure.. En ne prenant pas en compte l'environnement biensûr, juste.. ton visage, ton expression.. » Je cherchais mes mots un instant, avant de révéler avec mon habituelle franchise.. « .. Tu étais très beau. » avouais-je, simplement. Parce que j'avais envie de le dire et peu importait si cela paraissait bizarre. Très beau dans cette gêne, dans cet embarras, dans un désir d'homme je ne pouvais nier avoir ressenti un court instant, et partagé. Beau dans cette soudaine faiblesse dévoilée. C'était mon regard d'artiste qui parlait, mais mon regard de femme aussi, à nouveau, qui détaillait en silence. Je lâchais un soupir. « Dommage.. » L'instant était passé, mais je l'avais capturé quand même. Je dégageais mon dos de la porte, le contournant pour récupérer mon portable sur un meuble et mes affaires un peu plus loin. Bon, il ne devrait y avoir plus personne maintenant à l'extérieur ! Je tournais la clé, entrouvrant la porte pour y passer la tête, toutes les chambres semblaient closes, pas un bruit. « J'te laisse à ton bain ! Je ne reviendrais pas, t'inquiètes.. Mais ferme bien à clé quand même, on ne sait jamais. » lui lançais-je d'un air taquin, avant de disparaître sur la pointe des pieds dans le couloir et d'entrer dans la première chambre sur la droite, la refermant silencieusement.       

 

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.
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Re: So Ra (+) Have the courage of your desire | Jeu 16 Mar - 1:17
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L'orgueil tait la lâcheté qui emprisonne ton cœur. Tu désires fuir. Tu cours à toute jambes. Tu te protèges derrière la noirceur et les souvenirs. Tu te sers de la douleur comme une excuse pour te terrer, toi qui t'estimes libre et maître de ton destin. Mais si ton regard peut se détourner, ton visage se fermer et ton esprit s'endurcir, ton cœur lui est un rebelle à la raison derrière laquelle tu te dissimules. De même qu'un corps, qui peut trahir sans que ton cerveau n'y trouve rien à redire.
 


Elles étaient nombreuses à rouler, ces perles translucides qu'elle envoyait du bout des doigts tout en susurrant des mots que mon cerveau n'était plus apte à comprendre. Me détendre ? Etait-elle aveugle ou se refusait-elle à voir que la colère était la seule et unique émotion que son imbécile de manège exacerbait ? Une fureur entremêlée d'un désir mal dissimulé, que je ne parvenais pas plus à gérer que la tempête qui gangrenait mon être. Aussi, rien dans mon attitude ne laissait supposer que je prenais le moindre plaisir à être pris pour un idiot par cette femme. Je serrai les lèvres, pour ne pas lâcher des mots que je serais amené à regretter. Je n'aimais ni rabaisser ni humilier, et si je blessai, je ne le faisais que pour préserver mon indépendance et ma sérénité. Mais So Ra semblait immunisée contre ma hargne. Aucune pique, aucune réponse violente, aucun grognement de ma part ne la motivait à arrêter son petit jeu. Mes dents râpèrent mon inférieure et le voile de mes cils chuta sur mes pommettes tandis qu'une nouvelle gerbe d'eau frappait. Respire. Mais l'air suffoquant qui planait sur la salle de bain ne m'aidait en rien à calmer le loup furieux et perdu qui hurlait à la mort dans mon esprit. Et, malgré les secondes qui s'écoulaient, j'éprouvais toujours le vif désir de l'étrangler. Ou de l'embrasser. Une tension sourde naquit à la naissance de ma langue puis se dissémina dans ma gorge sèche et nouée. Mes muscles se contractèrent et mes pensées se durcirent pour retenir le fauve qui ne demandait qu'à bondir. Je n'avais plus l'habitude de lutter ainsi contre moi même. Hors, j'étais totalement incapable de combattre à la fois le désir et la colère. Et, à choisir, je préférais la hargne à la caresse de ses lèvres. Mes cils fuirent et effleurèrent mes sourcils tandis que je renouais avec une réalité à laquelle j'aurais préféré échapper. Elle. Si j'avais déjà remarqué combien elle était belle, je n'avais encore jamais été réellement sensible au charme magnétique qu'elle dégageait. Un charme presque animal, que l'humidité et la chaleur mettait en valeur. Et j'en voulais à mon corps de la désirer quand mon esprit ne songeait qu'à protéger le peu de fierté qu'il me restait. Une fierté à nouveau piétinée par une faiblesse à laquelle je ne savais pas faire face. J'étais à nouveau dominé par mes pulsions, mes sensations, mes désirs. Par une femme. Car je n'étais pas naïf au point de ne pas me rendre compte qu'elle nageait avec aisance quand je coulais. Elle jouait quand je m'énervais, s'amusait de mes faiblesses quand je n'en percevais aucune chez elle, provoquait quand elle était parfaitement maîtresse d'émotions de toute manière inexistantes. Mes dents claquèrent et ma mâchoire se dessina, plus saillante, plus tendue. Je me sentais proche du bord du gouffre mais je n'avais aucune idée de ce que révélerait l'explosion qui ne manquerait pas de secouer cette salle de bain si elle continuait à s'amuser ainsi à mes dépens. Mais elle était inconsciente. Ou elle s'en moquait. « Pas quand puérilité rime avec stupidité ! » Et elle l'était à mes yeux, autant que je l'étais moi même et ce même si nos raisons étaient différentes. Mais, comme d'habitude, mes mots ne l'ébranlèrent pas. Elle tira le rideau pour se dissimuler, en prenant à cœur un rôle qu'elle s'était distribuée elle même. Celle de l'emmerdeuse. Mon geste fut si violent que je crus que le plastique allait céder. Mais je fus le seul qui faillit craquer. Je sus, dès que je capturais ses poignets, que je pouvais dégringoler. Chuter. Son corps souple me heurta, de même que sa poitrine emmitouflée. Un souffle manqué. Une poigne resserrée. Des yeux déchirés. Et l'image d'un conte m'effleura l'esprit. C'est pour mieux te dévorer mon enfant. Des mots ridicules, mais qui illustraient un fantasme qui explosait dans mon cerveau détruit, par l'envie et le combat acharné que je menais contre elle. Elle bougea, tenta de se dégager avec une douceur qui contrastait avec la lionne qu'elle avait été dans la ruelle. Frappe, songeai-je, claque. Force moi à reculer. Mais elle n'en fit rien. Au contraire, elle cessa de gesticuler pour mieux lever la tête. L'or chassa les ténèbres et la colère s'évanouit momentanément pour ne laisser qu'un homme pétris de désir. Une part de moi aurait aimé craquer. Juste une fois. Mais la seconde, apeurée et accrochée à l'orgueil, me poussa à fuir. A reculer. A m'énerver. « Assez ? » répétai-je médusé. Je ne comprenais pas cette femme, pas plus que sa motivation dans cette histoire. Etait-ce une forme de vengeance dirigée contre un caractère qui lui déplaisait ? Ou était-ce un challenge qu'elle s'était lancé à elle même ? Séduire le plus sauvage et le plus rébarbatif ? Celui qu'elle considérait comme un homosexuel ? Un sourire sensuel étira ses lèvres. Dans d'autres circonstances, j'aurais pu être admiratif face à tant de stoïcisme face à un homme déchaîné. Mais en cette seconde … j'hésitais toujours entre meurtre et …. Ses mots me brûlèrent. Je reculais et brisais les liens de chaire que j'avais maintenu inconsciemment. « Céder. » murmurai-je, alors même que les frissons qu'avaient fait naître sa voix sensuelle parcouraient ma peau nue. Mes paumes caressèrent mon visage. Se réfugièrent dans l'ébène. Retombèrent. Va te faire foutre. L'insulte, bien que férocement pensée, ne fut pas jouée par ma langue mordue. Elle fut uniquement criée par mon corps crispé et par ce regard qui l'assassinait. Mon portable était l'unique seule chose qui me retenait encore dans la pièce. Je tendis donc la main et, plutôt que l'enfer que j'aurais aimé lui cracher à la figure, je ne proférais qu'une menace pour récupérer mon bien. Mais l'enfer me revint en pleine gueule dès que je m'immergeais dans l'or, tiraillé entre gêne et hilarité. Gêne … J'effleurais sa bouche, inexplicablement attirée par la peau translucide que je percevais plus bas. Mon corps compris avant mon cerveau et réagis avec une violence qui me coupa le souffle.

J'étouffais. Mon souffle n'était plus qu'un filet et ma chaleur corporelle venait de faire un bond aussi dérangeant que perturbant. Et, dans cet état ressemblant étrangement à l'ébriété, je ne pus m'empêcher d'insulter mon imagination. Car les images qu'avaient fait naître mon esprit lorsque je ne voyais que son ombre ne lui rendait pas justice. Cette fille était une véritable œuvre d'art, loin de tout cliché coréen. Sa poitrine, ronde et pulpeuse, projetait une ombre délicieuse sur son ventre plat et dessiné par ses muscles félins. J'aurais dû me retourner. Réagir. Mais je fus incapable de détourner les yeux de ces deux bourgeons tendus, à l'incarnat irisé par l'humidité. Les yeux écarquillés, noyés par l'encre, je ne pus qu'imaginer la texture et la saveur de cette perle rose et dure, qui décorait chacun de ses monts laiteux, si j'y déposais la langue. Ma salive afflua, humidifiant mon muscle tenté et mes lèvres. Je me donnais l'impression d'être un animal affamé … un animal à l'attention captive. Un animal dont chaque muscle était tendu vers une femme que je n'aurais jamais pensé regarder un jour de cette façon. Une femme qui eut le bon sens de croiser les bras sur sa poitrine en une claque visuelle qui me permit de reprendre pied. Je me retournai d'un geste brusque, les joues battues par un sang brûlant et sauvage. Il rampait dans mes veines en un torrent furieux et les percussions de mon propre corps me rendait sourd à toute autre chose que ses battements interminables. J'entrouvris les lèvres, le menton légèrement relevé et inspirai profondément pour calmer le tumulte de mes émotions. Peu m'importait qu'elle m'entende. A l'instant précis, je ne songeai qu'à apaiser un cœur fou et un corps souffrant. Car résister à mes pulsions devenait douloureux. Une vague de mépris à mon encontre frappa mes épaules et le rouge de la honte violenta mes pommettes. Je me rendais malade. Je ne savais si c'était les mois de presque abstinence, ma propre rébellion à l'égard de ma sexualité ou encore la lourde atmosphère qui m'avait rendu si faible, mais je m’écœurais d'être dans cet état. Son rire ricocha dans la pièce, accentuant un mal être aux proportions inimaginables. Je fermai les yeux et contractai à nouveau la mâchoire. Mes poings suivirent. Mes doigts se replièrent et s'enfoncèrent dans mes paumes. Respire. Mais ignorer son rire était tout aussi difficile que d'ignorer sa présence dans la pièce. J'entendais le mouvement de ses jambes dans l'eau, sa respiration et bien entendu cette voix qui ne m'avait jamais semblé si rauque ou sensuelle jusqu'ici. Elle se déplaça dans la baignoire et sortis, si proche que je ne pus que bondir en avant lorsque sa serviette me frôla. « Personne ne t'a demandé d'entrer ici. » sifflai-je, néanmoins parfaitement conscient d'avoir creusé ma propre tombe. En vérité, je l'avais su dès que je l'avais effleuré. Touchée. Retenue contre son grès. Sa bouche se dessina sous mes paupières et mon corps revécut la terrible envie qui m'avait saisit lorsqu'elle n'avait été qu'à quelques millimètres de la mienne. Dire que cette escapade dans la salle de bain était sensée me détendre, me faire oublier le froid, la colère et l'incompréhension. J'aspirai doucement l'air chaud qui planait dans la pièce et me tournai dès qu'elle affirma qu'elle était décente. Enfin décente … La serviette l'habillait de nouveau mais nul tissu ne pouvait me faire oublier ce que je n'avais pourtant vu que quelques secondes. Et il me fallut faire un effort monstrueux pour ne pas fixer sa poitrine dont je n'ignorais plus la forme, ni la couleur. « Coincés ? Pourquoi ne pas dire tu ? » m'énervai-je, à bout de patience. « Oui je suis archi coincé alors cesse de m'emm … quoi ? » lâchai-je, brusquement décontenancé par sa brusque approche. Mais elle se retourna tout aussi soudainement pour finalement lever mon portable. Que … J'eus un bref aperçu de l'écran avant d'entendre le cliquetis de l'appareil photo. Déconcerté, pris de court par une réaction tout aussi incompréhensible que sa remarque, je tendis le bras impulsivement. « Donne. » grondai-je, fatigué qu'elle se moque. « Je te jure que je t'étrangle si tu ne me rends pas ça de suite ! » aboyai-je, mais sans parvenir à prendre un feu follet que je n'osais pas réellement attraper. Plus que la photo, je craignais que la serviette ne tombe à nouveau sur le carrelage. Je craignais sa nudité et, par extension, mes réactions. Aussi m'échappa t-elle aisément en se dirigeant vers la porte, alors même que je tentai de saisir l'appareil sans la frôler. Ma propre fureur m'exténuait tant elle me dévorait. « Sincèrement j'en ai marre. Marre de ne pas te comprendre. Marre de ce jeu de merde et marre de …quoi ? » La douceur de son ton m'enveloppa, alors même que ses mots perçaient mon bouclier pour se nicher dans ma tête. Rougir … Mes joues me brûlèrent, comme pour lui donner raison. J'entrouvris les lèvres, prêt à répliquer vertement, à menacer pour qu'elle efface ce cliché. Je ne voulais pas être exhibé, encore moins moqué. Mais, comme si elle avait lu dans mes pensées, elle ajouta une simple phrase. Une phrase que je ne pouvais ni ne voulais comprendre. Je ne désirais pas son intérêt. Je voulais l'anonymat … la paix. Tout ce qu'elle n'était pas. Chose que j'étais prêt à lui dire et à lui asséner violemment. Mais les mots se perdirent, annihilés par un compliment auquel je ne m'attendais pas. La surprise effaça momentanément la colère et mon visage se détendit, comme pour mieux trahir ma stupeur. Car, si je me savais loin d'être repoussant, je ne laissais jamais les femmes m'approcher suffisamment pour m'en faire part. Je cherchais à écœurer, à effrayer, voir à être méprisé pour mon tempérament belliqueux. So Ra n'en ignorait rien. Comme les autres, elle en avait fait les frais et ce plus d'une fois. Alors pourquoi ? Pourquoi ce jeu et pourquoi cette scène ? Autant de questions qui ne s'envolaient pas. Je demeurai stoïque, silencieux, alors même qu'une part de moi brûlait de la secouer comme un prunier. Une part seulement car la majorité de mon être était abasourdie. Sa bouche s'arrondit et un soupir s'en échappa, en un mot tout aussi flou. Je ne me fatiguais même pas à en demander la signification. Le seul dommage qui m'effleurait l'esprit était l'intégralité de cette scène. Dommage, tu es entrée. Ce mot était tellement fade et si éloigné de ce que je ressentais vraiment. J'étais compressé, étouffé, étranglé par un étau violent. Je la laissai me contourner, sans plus chercher à parler ou encore à communiquer. Qu'elle s'en aille simplement. Qu'elle emporte dans son sillage les souvenirs, ces moments indésirés et ces mots qui m'avaient laissé sans voix. Qu'elle me laisse respirer. Seulement respirer. Elle s'approcha à nouveau de la porte, m'offrant une vision de son corps moulé pour, je l'espérai, la dernière fois. La clé tourna dans sa paume fine et la porte s'ouvrit. Une bouffée d'air frais envahit la pièce. Il m'effleura alors même que je fixai la jeune fille qui sortait. Je n'attendis pas qu'elle ait disparue pour pousser la porte et la fermer. A double tour. La tension retomba dès que le panneau fut clos. J'appuyai mon front contre le bois et respirai. Consciencieusement, j'avalai l'air, les yeux fermés, en savourant ma solitude. Mais, aucune goulée n'effaça les images gravées sous mes paupières. Elles rejouaient un théâtre d'ombre et dévoilait sa silhouette, sa poitrine que mon imagination n'avait plus qu'à dessiner. Je resserais le poing et pris conscience du poids d'un téléphone que je ne me souvenais pas même avoir récupéré. Impulsivement, je cherchai la photo qu'elle avait prise. L'artiste resta aveugle. Je ne vis dans ce cliché que la douleur, la gêne, le désir et la colère. Je ne vis que ma fragilité. Ma faiblesse. Et cette femme, dont l'illustration glacée suffisait à accentuer les brûlures d'un être tendu. Sans me poser de question, j'effaçai d'un geste vif et rapide. Dieu que j'aurais aimé que mon esprit soit aussi simple à vider ! Mais ma mémoire, cancérigène, se plaisait à m'étouffer sous les clichés, nombreux, d'une scène qui n'avait pas duré plus d'une demi heure. Et l'eau glacée n'y changea rien.  
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