TW : Homosexualité, maltraitance infantile, langage cru

1. Un gosse de riche, ça vous parle ? Enfin, vous voyez le bail, quoi. Pas très compliqué en même temps. Oui... Tu es né dans une famille fortunée. Genre TRÈS fortunée. Tu es est né, à l'origine, avec une petite cuillère en argent dans la bouche, engendré par un homme d'affaire hautement réputé et hautement estimé, et une avocate renommée, tout aussi estimée et admirée pour ses nombreuses affaires menées avec brio.

2. Commençons donc par le commencement. Enfin, si on veut. Comme dit plus haut, tu es né dans une famille très fortunée, mais bizarrement, les débuts de ta vie furent assez heureux. Malgré le temps que leur prenaient leurs emplois respectifs, tes parents étaient relativement présents pour toi et ils tentaient de faire en sorte que chaque moment qu'ils passaient en ta compagnie puisse compenser les nombreux autres ou ils ne pourraient être là. Malheureusement, tout ceci ne dura qu'un temps et rapidement, on confia ta garde à une nourrice. Haneul. Oh, je vous vois venir. Vous devez vous imaginer une gentille petite mamie gâteau, toujours souriante et prête à offrir des bonbons à tire-larigot. Eh bien, détrompez-vous. Cette femme était horrible. La pire personne qui puisse exister en ce bas-monde. Elle était extrêmement stricte et dans certains cas, elle n'hésitait pas à user de la violence, quand elle estimait que tu n'étais pas assez obéissant à son goût. Bien sûr, elle a toujours fait ça dans le dos de tes parents. Devant eux, quand ils passaient à la maison, elle jouait les femmes douces et parfaites, et toi, tu étais bien trop triste et trop terrifié pour ne serait-ce que penser à parler à tes parents de ton calvaire. "Les bleus, sur ton visage ? Oh, ce n'est rien. C'est juste un enfant si turbulent et pénible... Il passe sa vie à se cogner." Exemple de mensonge qui pouvait sortir de la bouche de cette sorcière. Mais cela ne t'a pas décidé à parler. Tout ce que tu as fait, c'est te taire. Te cacher. Subir. Et tout ceci n'était que le début de ta descente aux enfers.

3. Telle une machine impossible à stopper, tout ceci à continuer. Heureusement pour toi, les années défilant, tu avais fini par prendre en force et en taille, parvenant à te protéger, un peu mieux, dirons-nous, de cette femme qui se prétendait comme ta mère. Désormais adolescent et en pleine rébellion, on te forçait à aller en cours, mais tu ne faisais plus rien pour briller. Bien au contraire. Le petit rat de bibliothèque studieux et premier de la classe que t'avais pu être, plus jeune, s'était mué en quelque chose d'abjecte. Un cancre. Un délinquant, qui traîne avec les pires personnes, dans le but de se décharger, se donner de l'importance. Se rebeller, contre sa situation. S'échapper de son quotidien, où tout n'était que cris et violence. Le résultat de tout ceci ? Plus de cris. Plus de violence. Un cercle vicieux... Duquel tu ne pourrais sortir qu'en morceaux. Ou peut-être plus fort. Tout dépends du point de vue. Ah oui, au fait. Tes parents ? Ils étaient tellement aveuglé par cette femme vieillissante, à leur service, qu'ils ne voyaient absolument rien. Cela faisait bien des années déjà, qu'ils n'en avaient plus rien à faire de toi. Absolument rien ne changerait jamais là-dessus. Tu n'es qu'une cause perdue à leurs yeux. Et ça fait longtemps que tu ne représentes plus rien, pour eux.

4. Une énième dispute. La dispute de trop. Celle qui allait radicalement faire basculer les choses... Dans le pire des sens. Ce soir-là, alors que tu étais âgé de 14 ans, tu étais rentré chez toi, encore une fois, à pas d'heure, a la fois pour faire chier ton monde, et aussi parce que chez toi était synonyme de prison. Visage ensanglanté, tu t'étais encore une fois battus, pour décharger ta rancœur et ta haine envers le monde, et quand Haneul t'as vu, la première chose qu'elle avait faite... C'est te mettre une claque, monumentale, en pleine gueule. Peu de temps après, le ton à commencer à monter et en moins de temps qu'il ne faut pour le dire... Tu avais quitté la maison, par la fenêtre, un simple sac sur le dos, avec en tout trois affaires dedans. Et si vous vous posez la question... Non. Tu n'es jamais rentré. Jamais remis ne serait-ce qu'un orteil dans cette maison. Tu t'es enfui, simplement. Tant pis pour le fric, le reste. Tant pis pour tout.

5. Complètement traumatisé par ces événements, tu t'étais enfui, purement et simplement, sans te retourner, marchant pendant des heures sous la pluie, dans les rues à peine illuminées de la ville, le visage tuméfié et humide entre les larmes, la pluie et ton sang qui avait coulé. Tu as erré sans but, dans un premier temps, jusqu'à ce que tes pas t'emmènent vers une maison que tu connaissais bien, mais que tu n'avais encore que trop peu fréquenté à ton goût... Celle de ta grand-mère. Enfin, détrompez-vous, il ne s'agissait aucunement de l'une de tes véritables grands-mères, tu ne connaissais ni l'une ni l'autre personnellement. Non, la personne chez qui tu venais de frapper, alors que la pluie commençait à tremper complètement tes vêtements, était une dame, d'une gentillesse et d'une douceur sans faille, dont tu avais fait la connaissance bien des années auparavant, lors de tes années à la maternelle. Elle avait été une de tes professeures à l'époque, et probablement également l'une des seules personnes au monde qui t'avais traité avec gentillesse et bienveillance, pendant tout le temps où tu l'avais côtoyée. Évidemment, il était possible qu'elle ne se souvienne pas du tout de toi depuis le temps, et à vrai dire, tu ne savais pas du tout pourquoi tu avais décidé de te rendre à cette adresse en particulier... Peut-être parce que tu n'avais plus nulle part où aller. Peut-être parce que ton mental brisé avait essayé de retrouver sa quiétude passée. Peut-être les deux à la fois... Ou plus encore. Allez savoir. Cela n'a pas grande importance. Toujours est-il que lorsque la porte s'est ouverte devant toi, c'est une femme âgée et décontenancée qui t'avais fixée, ayant sûrement du mal, sur le moment, à remettre ce visage qui lui était pourtant bizarrement familier. Et puis elle te prit dans ses bras. Tout simplement. Sans parler, sans prononcer le moindre mot. C'était inutile après tout. Au bout d'un moment, elle t'invita à entrer chez elle, pour te mettre au chaud, mais aussi, pour que tu puisses raconter ce que tu avais sur le cœur. La discussion dura jusqu'au petit matin, mais après cela... Ta vie prendrait enfin un meilleur tournant.

6. Alors, tu es resté. Tu t'es installé, chez cette dame qui accepta de te recueillir, touchée par l'histoire qui était la tienne. Respectant ton choix de simplement disparaître de la surface du monde, elle t'adopta, pour que personne ne puisse jamais te retrouver. En parallèle de tout ça, tu avais également changé de look, et de quartier. Tout fait pour te rendre invisible. Et contre toute attente... Ça a marché. Poussé par ta nouvelle tutrice, tu es retourné à l'école, école dans laquelle tu t'es intégré, sans faire aucune vague. Finis l'ado turbulent qui se bagarre bêtement... Tu pouvais de nouveau être toi-même, ce garçon gentil, timide, sensible, et brillant qui ne demandait qu'un peu de bienveillance pour pouvoir s'épanouir. Quelque temps après cela, tu as commencé à avoir des doutes sur ta sexualité, plus précisément, lorsque tu t'es pris d'affection pour un jeune homme, Minki, que tu avais aidé après qu'il ait vécu une séparation difficile d'avec sa première petite amie. À vrai dire, tu connaissais déjà Minki, il était dans ta classe lorsque tu as terminé le collège. Cependant, tu ne lui avais encore jamais parlé. Cette situation, bien que malheureuse, t'avais permis de te rapprocher de lui et à force... Tu as fini par tomber amoureux de lui. Follement amoureux. Tu n'avais pas trop compris ces sentiments sur le moment, tu avais même eus une peur bleue lorsque tu en avais pris conscience. Mais il te fallut rapidement te rendre à l'évidence : tu ne pourrais pas continuer comme ça. Tu ne comprenais pas ce qui pouvait bien t'arriver, mais tu ne pouvais pas lutter sur ces choses que tu ressentais, pour lui. Alors... Profitant d'une confession du jeune homme au sujet d'une nouvelle fille, tu lui ouvris ton cœur, confiant tes sentiments avec le plus de mal du monde à ce jeune homme beau et talentueux qui faisait battre ton cœur comme jamais auparavant. Malheureusement... La réaction de Minki ne fut pas celle que tu aurais souhaitée, et il s'éloigna de toi, comme tu l'avais tant craint, avant de te confesser. Profondément blessé, et alors que tu avais totalement laissé tomber, il est finalement revenu vers toi, décidant de laisser une chance à cette relation plus qu'amicale dans laquelle tu voulais l'entraîner. Comblé de bonheur, tu t'es alors plongé dans cette relation, à corps perdus, assumant fièrement ton bonheur et protégeant ton aimé des railleries et autres de la part de tes camarades de cours, du mieux que tu le pus. Tu étais comblé. Heureux. Tu sentais tout le poids de tes souffrances passées s'alléger un peu. Minki était ta bouée de sauvetage. Ta bouffée d'oxygène salvatrice. Ton premier amour. Ton tout.

7. Cinq années. C'est le temps que dura ta relation avec lui. Une relation belle, magnifique, paisible. Une relation dont tu avais toujours rêvé. Pendant que ton petit ami se lançait dans une carrière d'idole, tu suivais ta propre voie, t'orientant de ton côté vers une carrière dans la pâtisserie, chose à laquelle tu t'étais intéressé sur le tas, mais qui te passionna réellement par la suite. Poussant les diplômes, les décrochant à tour de bras, il ne te fallut pas beaucoup de temps pour décrocher un travail, dans une pâtisserie huppée du quartier Est de Séoul. Une opportunité folle, clairement, qui te combla de bonheur sur le plan professionnel. Malheureusement, côté privé... Ce n'était pas la même histoire. Minki n'y était pour rien, au contraire, bien qu'il soit trainee, il faisait toujours en sorte d'être présent pour toi, et son amour semblait infaillible. Non, le problème.. C'était toi. Ton égoïste toi. Toi, qui le voyais déjà t'échapper, une fois qu'il intégrerait un groupe et qu'il connaîtrait le succès. Toi et ta jalousie maladive, toi qui savais que tu ne pourrais supporter que d'autres s'intéressent à lui. Toi qui ne te sentais pas assez bien pour lui. Toi qui avais déjà le cœur en morceaux, brisé, totalement piétiné, à l'idée de savoir que tu ne pourrais plus jamais être vu avec lui, comme tu le voulais... Alors, tu as fini par le faire. Tu as pris la décision la plus douloureuse de toute ta chienne de vie. La plus égoïste, aussi. Mais surtout, tu as aussi pensé à lui... Tu t'es dit que si tu ne pouvais plus être avec lui... Autant lui rendre sa liberté . Évidement, il n'a pas compris. Il a voulu te faire changer d'avis, te promettant que sa carrière ne l'empêcherait jamais de t'aimer. Mais cela n'a pas suffi. Dès le lendemain, tu es parti de l'appartement où vous logiez, le laissant là, seul, désemparé, tandis que ton propre cœur te faisait si mal que tu aurais souhaité l'arracher. Tu as souffert. Comme jamais. Pendant des jours, tu n'as pas dormi, ni manger. Tu n'étais plus que l'ombre de toi-même. Et puis, tu t'es finalement repris. Avec une force sortie de nulle part, tu t'es redressé, tu as essayé d'avancer, de rencontrer de nouvelles personnes, de reprendre le court de ta vie... Sans jamais réellement y arriver. Mais tout ceci était de ta faute alors il te fallait simplement l'assumer, quand bien même, ce soit difficile à vivre.

8. Et voilà. Nous voilà déjà à la conclusion de cette histoire. Chaque nouvelle photo qu'il poste a pour effet de voir ton cœur ce déchiré, et bon nombre de fois, elles t'ont fait pleurer, car le manque t'était impossible à supporté. Tu travailles toujours au même endroit, tu ne fais que bosser, pour ne pas trop penser et malgré quelques relations, tu n'es jamais parvenu à oublier Minki. En fait, t'es presque obsédé par lui, puisque tu fais partie de son fandom, juste pour le surveiller et voir comment il poursuit sa vie. Chaque nouvelle photo qu'il poste a pour effet de voir ton cœur ce déchiré, et bon nombre de fois, elles t'ont fait pleurer, car le manque t'était impossible à supporté. Cinq ans, sans jamais se revoir, c'est très long oui... Surtout que tu es persuadé qu'il t'a oublié. Mais c'est plus fort que toi. Tu l'aimes. Tu n'as jamais cessé de l'aimer. Et tu l'aimeras jusqu'à rendre ton dernier soupir.