un langage déplorable avec un visage d'ange, on lui offrirait le monde s'il n'ouvrait pas sa bouche. sa bouche trop grande ornée de mots violents, décorée d'injures et de coupures.

« bo yun, tu n'es qu'une petite merde. une petite merde qui pense à rien, qui réfléchit pas. tu fais des choses qui n'ont pas de sens, tu te mets dans des situations incongrues dont t'arrives pas à te sortir. je suis toujours derrière ton cul à ramasser les pots cassés et ça commence à me gaver. bo yun, ça peut plus durer. t'es bête, tu te fais influencer de tous les côtés. je sais même pas comment tu fais pour être encore à te balader dehors et que tu te sois toujours pas fait recruter par une secte. un jour un type t'as dit d'aller te taper la tête contre le mur et tu l'as fait. tu te rends compte ? tu réfléchis ? y'a plus assez de thunes dans le monde pour te payer les soins dont t'as besoin. tu vas finir difforme et c'est bien pourtant ta gueule la seule chose qui te sauve. faut arrêter de relever tous les défis qu'on te pose, les gens se jouent de toi, ils s'en amusent, ils voient bien que t'es prêt à tout pour avoir leur attention. t'as rien à prouver, tu sais ? bo yun, je sais plus quoi te dire, tu continues comme ça et tu finiras en taule ou mort. »

bo yun est un idiot. un idiot fini, celui dont on dirait qu'il a été mal terminé. un idiot qui écoute tout, qui croit à tout, et surtout qui pense avoir raison. c'est peut-être ça, son pire défaut, c'est d'être persuadé d'être le plus intelligent lorsqu'il rentre dans une pièce. il se balade en roulant des mécaniques, les épaules frêles bien en arrière pour montrer qu'il est fier, brave, grand, en confiance. et pourtant, il n'y a pas de quoi l'être. il a tellement tort que cela en devient ridicule. dans une société qui prône tant la réussite, il fait tâche.

« putain, mais lui ? bo yun ? mais une claque dans sa gueule ça le calmera un peu ! enfin j'espère. mais qu'est ce que je donnerai pour pouvoir le faire. lui remettre un peu les idées en place, peut-être que ça connecterait les 3 neurones qui flottent dans sa tête et il pourra enfin faire quelque chose de convenable de sa vie. bo yun, je l'ai vu faire des trucs, je l'ai entendu faire des trucs, mais à sa place j'en aurai honte. il parle des femmes comme si c'était de la merde, comme si elles devaient servir de tapis pour lui. et il parle aux femmes comme si c'était ses servantes ! je l'ai vu prendre des photos... je veux même pas en parler. vous avez vu son fond d'écran ? son fond d'écran de meuf à moitié à poil ? elle a un soutif, je crois que j'en ai vu un, mais il laisse rien à l'imagination, je vous assure ! et il en est fier, il l'affiche ! il le montre à tous presque, c'est honteux. vous savez quelle est sa technique pour draguer ? traiter la fille de grosse vache. ouais. et il était vraiment persuadé que ça allait fonctionner. »

bo yun a grandi seul. en partie. c'est que ses parents étaient si occupés. il n'était pas vraiment prévu, après tout, pas dans leur vie, ni dans leur emploi du temps. mais ses grands-parents tenaient tant à avoir des petits-enfants qu'ils ont réussi à convaincre ses géniteurs. ah oui, ses grands-parents, si présents eux aussi dans sa vie ! il les voyait à son anniversaire, s'il avait de la chance, et si on se souvenait de lui. mais ce n'est pas grave, il ne s'est jamais vraiment inquiété d'être seul chez lui. a part la nuit, seul, tout seul. dans les couloirs sombres et bien trop long, où se créent des ombres inquiétantes et bien trop grandes, anguleuses, où le sol craque et les murs bougent. des tics et des tacs des horloges, l'enclenchement du compteur d'eau qui claque et qui le fait sursauter. la nuit, le noir, il n'a jamais aimé ça. seul dans le noir il pleurait, et pleure encore. les lumières ne s'allument jamais assez vite, ses mains tremblantes peinent à trouver l'interrupteur. et s'il ne se dépêche pas, oh ! et s'il ne se dépêche pas, les monstres iront l'attraper.

« il est beau et c'est dégueulasse, ça me dégoûte. avec une personnalité comme la sienne faudrait un visage qui s'accorde. un crapaud, je sais pas, quoique ça serait presque insulter l'animal à ce stade là. en plus, il prend même pas soin de sa beauté. avec un cadeau pareil moi je me mettrai un casque de verre sur la tête pour être sûr qu'il ne m'arrive rien. qu'est ce qu'il fait, lui ? mais il se prend des parpaing le bougre ! c'est même pas une blague, ils ont essayé un jour. il s'est pris des coups, je me demande comment il s'est relevé. parce moi je serai resté à terre à pleurer. je crois que c'est peut-être sa bêtise qui lui fait ignorer la douleur. ah mais, il rend ! il rend mais il est quand même vachement moins puissant. je suis sûre qu'une petite fille a plus de force que lui dans les bras. il fait le caïd mais il ferait pas tomber une grand-mère. il a essayé le vol de sac à main à un moment, et il s'est pris des coups, il a fui à toute vitesse. il a aussi essayé le vol à l'étalage, mais il s'est fait chopper, et... croyez-le ou non, on l'a laissé tranquille, pas de tape sur les mains ou de remontrances, non. il a usé de sa petite bouille, de ses grands yeux larmoyants et on a laissé ça passer. il est peut-être pas si con que ça. »

s'il a une passion, c'est la flemme. être posé sur son canapé, une manette en main et un casque sur les oreilles. c'est ça, sa passion. et puis il est bien entretenu. pourquoi lever un doigt quand on lui offre tout sur un joli plateau. son appartement, au frais de ses parents, est un véritable taudis. le sol est invisible, couvert de vêtement, de boites de plats livrés, de sachet de courses remplis de canettes diverses. il y a peut-être des insectes, qui vivent la dessous, il ne sait pas. de toute façon, la semaine prochaine, l'autre nettoyeuse passera tout faire briller, et le cycle recommencera. ses parents ont fait le bon choix, aussi, elle est plutôt mignonne, la femme de ménage, même si elle s'est pas gêné pour lui foutre une gifle dès le départ. peut-être qu'il pourrait regarder sur ses sites, il en a vu, là, récemment, où les femmes viennent faire le ménage en petite tenue. mais zut. pas le droit d'y toucher.

« malgré ce que peuvent dire ses ... ... ... raps ?. je sais pas si je peux appeler ça comme ça, je préfèrerais appeler ça une honte, mais passons. il n'a jamais touché une femme. confidence pour confidence... on peut dire ça quand on parle de quelqu'un d'autre ? il n'en a jamais touché, vraiment. je crois qu'elles lui font peur au fond. je me demande si c'est pas plutôt lui, derrière ses grands airs de caïd, qui les fait fuir exprès. il a trop peur de leur parler vraiment, de parler de sentiments, de parler de toutes ces choses qui font que nous sommes des êtres humains entier et pas des poupées unidimensionnelles. parce que je refuse de croire qu'il n'y a pas quelque chose de plus profond chez cet homme. »