(wearing)

C’est plutôt pratique de pouvoir se pointer tard le soir et de ressortir avec des sandwichs gratos. Je passe une main dans mes cheveux en la fixant. Ça doit être dure pour elle de gérer ses études et de bosser tard le soir comme ça. Je me saisis des sandwichs et tenta de prendre le moins … dégueulasse. « Tu crois que lequel de ces sandwichs me tuera le moins vite ? » je plaisantais, je souriais en coin, mais je le pensais vraiment. C’est bourré de conservateur, et de je ne sais quel produit pour tenter de donner du goût à ces aliments qui finissait inévitablement par être immangeable. Il bourré le pain de sauce pour tenter de camoufler le goût des œufs qui semblaient être fabriqué par une machine. Bref, c’était de la mort en condensé dans ce plastique que je tenais entre mes mains. Mais j’avais bien trop faim et j’étais bien trop faible pour résister. La simple idée de faire le tour de la ville à cette heure-ci me fatiguait déjà. J’ouvris le sandwich sans plus attendre et croqua dedans. Putain ça fait du bien. J’ai mangé mes nouilles avant mais ça n’a fait que m’ouvrir l’appétit d’avantage. Je mange en la regardant, lui proposant d’aller à la boutique qui sera un endroit largement plus confortable qu’ici. Au moins on pourra s’asseoir et ne pas se les geler dans les rayons. M’appuyant contre la caisse et sourit en coin avant de lui dire «  Rien ne t’oblige à venir tu sais. » J’avais saisi le petit flottement dans son regard et je me demandais bien pourquoi elle hésitait. « Mais ma longue pause je la prends avec plaisir. » Je me hisse sur le comptoir juste à côté d’elle et enfourne la dernière bouchée de sandwich. Putain je l’ai englouti. Et j’attaque le deuxième avec la même ferveur. Je réfléchis à sa demande et imagine déjà la taille de la planche qui serait le mieux pour un enfant. J’en ai déjà fait une pour le fils d’une connaissance, elle en était ravi, alors j’imagine pour que l’enfant de sa sœur ça sera pareil. « Ca dépend de l’âge. Pour les tous petits je peux faire une planche de petite taille et j’ai même les protections adéquates. Mais dans le commerce tu trouveras sûrement des trottinettes. Je ne sais pas vraiment ce que tu cherches, mais une planche de skate pour les petits c’est totalement faisable. » D’ailleurs je sortais mon téléphone, qui me servait au passage de book, pour lui montrer la photo du petit garçon. Il était venu passer une journée à la boutique pour que je lui apprenne les bases. Sur les photos elle pouvait me voir souriant, riant même parfois, encourageant ce petit garçon qui tendait les bras vers moi avec une certaine appréhension. « Tiens regarde les photos là. » Je lui tendis le téléphone, pour qu’elle se fasse une idée. « Il y a une vidéo aussi si tu veux. » Sur laquelle je me sentais d’ailleurs con. Je n’étais pas toujours très à l’aise avec les enfants. Je les aimais bien à partir du moment où il ne pleurait pas et où il ne demandait pas de leur essuyer le nez. Allez Woo Hyeon ! Tu peux le faire,n c’est ca mon grand ! voilà ! Hyung est là ! J’étais là à l’encourager comme un idiot, un sourire resplendissant aux lèvres. On pouvait croire que j’avais fait ça toute ma vie. m’occuper d’un enfant je veux dire.

(wearing)

Je la laissais regarder la vidéo pour se faire une idée de la tranche d’âge et haussa les épaules en mangeant mon sandwich. «  Je dirais vers 2 3 ans, quand ils sont bien habitué à marcher et qu’ils ont une bonne stabilité. » M’appuyant contre le comptoir je repris « Après ça dépends des enfants, faudra que tu juges par toi-même, puis au pire une planche ça se garde pour la ressortir au bon moment. » souriais-je en coin en reprenant une bouchée. Je porte mon regard à elle pour voir son expression changer, comme si elle se perdait dans ses pensées, des pensées plutôt tristes. Je ne sais pas vraiment quoi lui, quoi faire, alors je la laisse un instant, détournant le regard, gêné. C’est que je suis du genre pudique quand ça concerne les émotions et j’ai plutôt tendance à fuir qu’à aller vers les gens quand ça ne va pas. Ce n’est pas que je m’en fou mais je suis plutôt du genre à faire des dégâts qu’autres choses … alors pour limiter la casse et sauver les gens d’un potentiel désastre je préfère de loin m’éloigner et les laisser gérer leur soucis tout seul. C’était égoïste d’agir comme ça ? Moi je trouvais ça plutôt altruiste, à ma façon. Je raclais ma gorge et me contenta d’acquiescer quand elle me déblatéra rapidement son histoire. J’écarquillais un peu les yeux, pas certains de comprendre ce que vivait sa sœur et de tout ce que cela impliquait mais au vu de l’expression de Woori ça n’avait pas l’air d’être spécialement agréable … J’affichais un sourire enjoué comme toujours et lâcha un fiable «  pas de soucis ! » pas franchement adapté à la situation mais c’était tout ce qui me venait. Je grattais ma nuque la laissant reprendre sa place et fini rapidement mon sandwich avant d’en jeter le papier à la poubelle dans le coin de la boutique. Elle me proposait de rentrer, que ses clients allaient arriver et qu’elle aurait besoin de calme de toute façon. Franchement de vous à moi je trouvais ce changement d’ambiance vraiment bizarre. C’était un peu déroutant. On parlait bien et il aura suffi que je lui montre une simple vidéo pour qu’elle se renferme sur elle-même. Surement un truc de fille qui m’échappera toujours. Je me reculais légèrement pour ne gêner le client qui semblait pressé et leva la main pour la saluer. Dans ce cas … je capitule et j’y vais.  « Fais-moi signe quand tu veux alors. » lui proposais-je sans quitter mon sourire en coin. Sortant un vieux ticket de caisse, je fouillais mes poches à la recherche d’un stylo pour lui écrire rapidement mon numéro. Au cas où. Je lui ai déjà donné mais on ne sait jamais. Je le glissais devant elle rapidement « Le jette pas celui la. » riais-je doucement. « Merci pour le repas ! » Je lui fis un clin d’œil et me poussa à nouveau pour que le client sorte sans un au revoir. Les gens de nos jours hein. « Bon courage pour ta fin de soirée dans ce cas et à la prochaine. » Non sérieux ? C’était franchement nul … Me retenant de rire de moi-même je sortie rapidement de la boutique mon second sandwich sous le bras. Soirée bizarre mais pas désagréable. Un sourire aux lèvres, oubliant déjà l’expression triste de woori, je traversais la rue rapidement pour rejoindre ma boutique et finir le graph de mes planches avant l’ouverture de demain matin.