J’avais réussi par je ne sais quel miracle de convaincre les deux petits garnements d’être de mon côté. Au fond, les étudiants dont je m’occupais à la fac n’étaient guère différents. Ils demandaient tous autant d’attention, et il suffisait de savoir les prendre dans le sens du poil. Une fois qu’on avait compris cela, on en faisait un peu près tout ce qu’on voulait. Ca n’avait rien avoir du tout avec de la manipulation, ou peut-être un peu, mais ca restait très maternelle. C’était pour leur bien, dans un souci de bien être à leur égard. Je m’en faisais beaucoup pour eux, même un peu trop vu mon statut de professeur. Les enfants que je n’avais pas, je les trouvais en eux. A bien y réfléchir Bom Chan était un peu pareil. C’était un grand enfant qui faisait un caprice quand il n’avait pas ce qu’il voulait. Et qui savait faire les yeux doux et jouer les anges pour parvenir à ses fins. Un vrai gamin ! Un sexy gamin ! Admettons-le ! Je tenais une main de chaque enfant dans chacune de mienne, un sourire triomphant sur le visage, je marchais vers le jeune homme qui attendant sagement contre un poteau. Je lui surpris un regard que je ne lui connaissais pas encore se poser sur ma personne le temps de quelques secondes, ou sur une passante derrière nous, allez savoir. Ils me lâchèrent pour courir dépenser leur argent fraichement gagné dans les jeux d’arcade. Je levais un sourcil amusé en voyant la quantité de jetons dépensés. « Te voilà bien généreux ! » le taquinais-je, voyant une personne nouvelle en lui envers ses enfants. Je n’avais encore aucune idée de ses attentions véritables à ce moment-là, du coup, il remontait dans mon estime. Je croisais les bras sur ma poitrine, tapotant de mes doigts sur ceux-ci en l’observant telle une mère à l’écoute de son fils. « Un homme parfait ? Toi ? Plutôt un gamin capricieux ! » Riais-je plus décontracté, oubliant presque ses méfaits passés et le fait que j’étais partie pour effacer un de mes tatouages. Il avait réussi à faire envoler mes tracas le temps d’un moment sans même que j’en prenne conscience immédiatement. Je le fixais sans le quitter du regard alors qu’il me forçait à reculer jusqu’au premier jeu d’arcade. Mon corps le fuyait, alors que mes yeux le cherchaient. Je déglutis péniblement alors qu’il était parvenu à me coller de toute sa hauteur. Je frissonnais sous son toucher alors qu’il me caressait et me faisait des sous-entendus. Je restais hébétée, ne sachant que répondre sur le coup. Je finis par reprendre mes esprits en baissant le regard sur ce qu’il glissait entre mes seins. Je le fusillais ensuite du regard alors qu’il me mettait au défis. « J’espère que tu n’as pas de perdre… » Murmurais-je sur le même ton alors que je le suivais de près attrapant la réplique d’arme à mon tour me mettant à l’imiter et tuer des zombies. J’étais un peu rouiller, mais quand j’étais plus jeune, j’adorais ce genre de jeu, et j’étais même plutôt douée. C’était comme le vélo ca ne s’oubliait pas. Très vite, je rattrapais le score de Bom Chan. « On dirait que même avec une certaine avance, tu vas perdre. » Ne savait-il gagner qu’en trichant ? Et bien, il allait se faire remettre à sa place par une femme. Que la bataille commence !

Je devais admettre que pour la première fois depuis notre rencontre, il ne m’agacait pas. Tout du contraire. Je me surprenais à prendre plaisir à ces jeux d’enfant auxquels nous jouions en toute insouciance, sans aucune arrière-pensée, comme deux bons amis. Ce n’était pas Jae qui m’emmènerait dans ce genre d’endroit en vue de son statut. Il m’aurait fait les gros yeux s’il m’avait entendu rire un peu trop fort, à gorge déployée, attirant l’attention sur nous. Il n’aimait pas voir les autres s’intéressés à moi. Je n’avais jamais vraiment compris pourquoi, mais il me préférait à l’appartement qu’à vagabonder dehors comme aujourd’hui. Mais je l’oubliais, lui et ses réprimandes. Ne pensais qu’à moi pour une fois, et à l’instant présent, m’amusant à n’en plus finir. On enfilait les jeux d’arcade jusqu’à oublier le résultat final, ne sachant qui avait gagné ou perdu. J’en oubliais aussi que Bom Chan avait chamboulé ma vie en y entrant, et que je le haïssais. Je le voyais presque comme … un être humain tout simplement. Il n’y avait pas que le mal vivant en lui mais une lueur de lumière également qui fit vibrer mon petit cœur en faisant Boum boum un peu plus vite dans ma poitrine. on finit par atterrir dans un quartier que je ne connais que très peu, ou qui me rappelle certains souvenirs. Je le fixais s’acheter deux burgers. Ca faisait combien de temps que je n’en avais pas mangé ? Avec ce régime auquel je devais me tenir, les écarts que je faisais étaient peu fréquents. Je lorgnais sur ce deuxième burger qu’il avait acheté pour lui, me contentant de commander un soda. « Tu comptes vraiment les engouffrer tous les deux à toi seul ? » demandais-je avec envie. C’était presque si je ne me léchais pas les babines rien qu’en sentant l’odeur. Je détournais ensuite les yeux, me rendant compte que je le fixais avec trop d’insistance. Je sirotais mon soda en silence avant de hausser les épaules à sa demande. « Un après-midi comme un autre… » lâchais-vaguement sur un ton détaché, n’acceptant pas de lui dire que je m’étais amusé avec lui. Quand il me tendit son paquet de clope, je ne refusais pas, m’octroyant un petit plaisir de plus en plus renouveler ces derniers temps. « Merci. A ce rythme, je vais te devoir un paquet entier. » ou un magasin entier. Ne pouvant pas m’acheter les miennes, je lui en piquant toujours, parfois à son insu. j'allumais la cigarette, laissant une nuée de nicotine derrière moi, et je lui suivis jusqu’à un banc donnant sur un petit parc où d’autres enfants jouaient et je souris en les observant. « je me demande ce que ca fait d’être mère. » lâchais-je soudain sur le ton de l’intimité. « J’ai les étudiants que je considère comme mes enfants, mais je me suis toujours demander si je serais une si bonne mère pour les miens. » Quand on connaissait mon passé, on avait de quoi douter. Je caressais doucement mon ventre me demandait si il pouvait renfermer un trésor tel que la vie. « Tu n’y as jamais pensé ? » demandais-je à Bom Chan sans vraiment attendre une quelconque repose de sa part.